Des citoyens debout : au-delà de la contestation
Manifestations contre le pass sanitaire, Gilets jaunes, Nuit Debout, mouvements de places à l’étranger (Occupy Wall street, Indignés, « révolutions arabes », etc.). Mais que se passe-t-il donc depuis quelques années dans nos rues ?
Existe-t-il un point commun faisant descendre massivement tous ces citoyens dans les rues et sur les places ? Assiste-t-on simplement à la montée en puissance d’une grogne tous azimuts, à l’affirmation croissante d’une volonté contestatrice de « contre-démocratie » – telle que l’analyse Pierre Rosanvallon –, à sa médiatisation croissante grâce aux réseaux sociaux ?

Simple changement de degré dans la contestation sociale, se radicalisant de plus en plus souvent dans le « dégagisme », voire le « révoltisme » – cf. Marcel Gauchet –, et sacralisant la posture contestataire en soi ? Ou changements plus structurels, révélateurs d’un rapport au politique qui évolue fondamentalement ?
Au-delà de l’hétérogénéité contestataire : la sacralisation de l’individualisme démocratique
Le fait qu’existe une grogne sociale croissante est certes incontestable. On connaît désormais l’ampleur de la critique, par la très grande majorité de nos concitoyens, des dysfonctionnements de la démocratie représentative.
On sait combien ils se défient d’une classe politique jugée corrompue, plus préoccupée par ses propres intérêts que par ceux de leurs électeurs. On ne peut, en outre, que constater la médiatisation de cette idée d’une crise du lien représentatif et d’une défiance très répandue des citoyens vis-à-vis des élus, de l’État, des institutions.
C’est sur ce fond de défiance généralisée que certains en sont même venus à évoquer le dévoiement de l’État vers des supposées formes de « totalitarisme » (comparaison absolument abusive pour tout socio-historien et politiste qui se respecte, mais là n’est pas le débat).
En bref. Oui, la « contre-démocratie » s’exprime plus que jamais et plusieurs récents mouvements sociaux en témoignent. Et oui, on a le sentim