De la résilience de l’islamisme
Il existe dans notre pays une hypersensibilité, rationnelle à bien des égards, d’une partie de l’opinion, ordinaire, médiatique, associative ou politique, sur et autour de l’islamisme. Et ce, en particulier, lorsque, à tort ou à raison, celui-ci est associé, sinon assimilé sans distance, aux attentats terroristes, ou à ce qu’il est convenu de nommer aujourd’hui le djihadisme ; autrement dit la violence totale, sanguinaire, déployée indistinctement par des individus ou groupes au nom d’une conception ultra violente de l’islam.
Ce phénomène reste minoritaire mais il ne cesse de défrayer la chronique, de déchaîner les passions et d’entretenir l’émotion à cause de ses répercussions funestes. Toutefois, cette omniprésente confusion, acritique, entre deux faits, l’un islamiste l’autre djihadiste, n’est pas seulement le fait du sens commun.

Sur les réseaux sociaux comme dans certaines couvertures médiatiques, il n’est pas rare de voir utiliser tout cet appareillage sémantique (islamisme, djihadisme, etc.), synonymiquement, c’est-à-dire de façon essentialiste et irréfléchie. Mais ce n’est pas tout : certains symboles ou signes de religiosité musulmane dans l’espace public, à l’instar du voile ou de la barbe longue du maghrébin d’origine ou de l’Africain, peuvent être appréhendés, a priori, comme porte-étendard ou indices probants de cet islamisme supposément « systémique » ; quelquefois, c’est même la lutte contre l’islamophobie qui est clouée au pilori, au prétexte qu’elle serait une stratégie « victimaire » menée par les islamistes (lesquels ?) et de leurs complices présumés, en vue de saper les fondements de la république et de la liberté d’expression.
Or, les usages plus ou moins relâchés, voire carrément idéologiques, du vocable islamisme nuisent considérablement à la compréhension fine d’un phénomène aux multiples facettes ; les airs de famille, réels, entre différents courants de l’islamisme, d’ici et d’ailleurs, ne relèvent pourtant ni de la stricte identi