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Mali : de la ruralisation du djihad à la djihadisation de la question agraire

Politiste

Les autorités de transition maliennes ont manifesté leur intention de renégocier les clauses de l’accord de défense qui lie Bamako à Paris depuis 2014. Alors que l’opération Barkhane est de plus en plus contestée au Mali et que la présence de paramilitaires russes de Wagner ne fait désormais plus de doute, des accords sont également conclus à l’échelle locale, entre villageois et djihadistes, principalement dans le centre du pays. Ce qui n’est pas sans poser d’autres questions.

Le 3 décembre 2021, un groupe djihadiste a arrêté un bus qui se rendait au marché de Bandiagara, dans le centre du Mali. Après avoir exécuté le conducteur, ils ont brûlé vives les 33 personnes (hommes, femmes, enfants) qui se trouvaient à l’intérieur du véhicule. 

Cet acte violent et atroce n’a été revendiqué par aucun des groupes djihadistes opérant dans cette région : l’intérêt de ces groupes est surtout de rappeler constamment à la population civile l’inefficacité, l’insuffisance, voire l’impuissance ou l’inutilité des forces armées maliennes et des forces militaires internationales et régionales – Minusma, Barkhane, G5-Sahel – déployées dans cette partie du pays, où se déroulent les épisodes les plus violents de cette décennie de guerre au Mali (les massacres de Koulongo le 1er janvier 2019, Ogossagou en mars 2019 puis en février 2020, et Sobane-da en juin 2019 ; ces localités se trouvent dans le Pays d’Ogon, région de Mopti). 

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L’observation des modes d’action des groupes armés, djihadistes ou groupes d’autodéfense, et de leur emprise sur les populations rurales du centre du Mali tend à confirmer la mise en place progressive d’un ordre socio-politique local qui tire sa légitimité de sa capacité à produire de la violence. Une violence utilisée pour protéger ceux qui la reconnaissent comme une source légitime d’autorité et pour détruire ceux qui s’opposent à l’ordre sociopolitique qu’elle entend instituer.

Pourtant, le coup d’État militaire d’août 2020 qui a mis fin au régime de l’ancien président Ibrahim Boubacar Keita a été salué par la population du centre du Mali. Beaucoup voyaient dans l’arrivée des militaires au pouvoir le signal d’un engagement plus fort dans la lutte contre le terrorisme et une attention particulière pour les régions de Mopti et Ségou qui forment depuis quelques années, le cœur de l’essentiel des actes terroristes dans le pays. 

Pour la population rurale, qui est menacée et attaquée quotidiennement par les groupes armés djihadistes, le second coup d’État et l’installation du colonel Assimi Goïta à la tête de la transition politique laissaient espérer un renversement des tendances avec une pression accrue sur les groupes djihadistes et une possible collaboration entre les militaires et les combattants locaux d’autodéfense, dont on sait qu’ils s’affrontent quotidiennement avec l’ennemi djihadiste. 

La première présidence civile et militaire de la Transition (N’Dao-Goïta) a déçu ces attentes. Ces changements politiques à Bamako n’ont pas (encore) produit les effets escomptés dans la sécurisation des populations et de leurs biens. Des villages entiers sont toujours sous le contrôle de groupes djihadistes (Faraboubougou, Dogofry, Dinangourou), et la circulation sur les routes est devenue plus insécurisée que jamais. De plus, la menace s’étend et atteint des régions jusqu’ici restées en-dehors du militantisme armé des djihadistes comme Sikasso et Koulikoro (sud) et Kayes (ouest). 

Malgré cette expansion de la menace, les nouvelles autorités ont souligné leur volonté de dialoguer avec certains groupes djihadistes sous l’influence de leaders maliens, tels que le JNIM – Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans – ou la Katiba Macina, une unité combattante salafiste djihadiste. Des initiatives de dialogue déjà entamées quelques mois auparavant dans le centre du Mali n’avaient abouti qu’à un calme précaire et à la soumission de certains villages à un nouvel ordre sociopolitique édicté par les hommes armés. 

En investissant le milieu rural, ces acteurs armés ont repris à leur compte quelques-unes des activités illégales violentes connues dans les sociétés rurales sahéliennes (vols organisés de bétail, trafics illégaux de produits de base, coupeurs de route, etc.). Ces activités génèrent des profits importants que l’on pourrait qualifier de gains marginaux[1], dont la maîtrise est centrale pour les économies rurales. 

Si les groupes proches de l’État islamique suivent en l’occurrence leurs aînés de l’AQMI (Al Qaeda au Maghreb Islamique), ils apportent une touche particulière pour se distinguer en ajoutant à ces activités illégales la destruction de greniers, l’incendie des récoltes et le recours à la violence extrême une banalisation du meurtre. Le meurtre de combattants des groupes d’autodéfense, de villageois résistants, de soldats capturés au combat, ainsi que l’incendie des récoltes et la destruction des greniers sont filmés à l’aide de téléphones portables, puis diffusés sur des groupes WhatsApp. 

En plus de constituer une force dissuasive qui caractérise généralement les régimes de terreur (comme la lutte contre-insurrectionnelle des années 1950-1970 au Cameroun ou même DAESH à ses débuts), cette banalisation de l’atrocité par l’image est la preuve que récoltes, bétails et greniers sont désormais au cœur des enjeux d’un conflit qui s’est ruralisé. 

De la ruralisation du djihad à la djihadisation de la question agraire

À partir de 2015, l’occupation des zones rurales par les djihadistes a marqué un tournant dans la reconfiguration des groupes et de leurs méthodes. Aux discours de guerre sainte et de conquête au nom de l’instauration de la charia, mis en avant lors de l’occupation de Tombouctou et d’autres localités du nord du Mali, s’est substitué celui de l’égalité d’accès aux ressources foncières, et de la fin des privilèges sociopolitiques lignagers comme le contrôle des terres agricoles, mais surtout des parcours pastoraux dans le centre du Mali. 

Cette ruralisation du djihad s’est faite par l’imbrication de divers intérêts économiques, politiques et sociaux propres aux communautés villageoises. La terre est alors devenue l’enjeu principal qui oppose, d’une part, les combattants affiliés aux groupes djihadistes et, d’autre part, ceux qui combattent au sein des mouvements d’autodéfense. 

Ainsi, les dynamiques agraires et les enjeux du djihad se sont imbriqués. Les hommes armés qui s’entretuent appartiennent souvent au même terroir historique. Ils sont engagés soit sous la bannière du djihad soit sous celle de l’autodéfense et reprennent des conflits inhérents aux systèmes d’appropriation foncière et aux formes statutaires des sociétés auxquelles ils appartiennent (Bamanan, Dogon, Peul, entre autres). 

D’ailleurs, beaucoup de chefs de guerre de ces groupes antagonistes se connaissent et ont souvent partagé la fraternité d’armes au sein d’autres organisations armées telles que Ganda-Koy, Ganda Izo ou Mujao. Les contacts n’ont pas nécessairement disparu malgré la violence des combats, mais la transformation du milieu rural en un théâtre de guerre et la djihadisation de la question agraire sont caractéristiques de la complexité que revêt la guerre anti-terroriste au Sahel. 

En incendiant les récoltes, détruisant les greniers et razziant les troupeaux, ces groupes djihadistes contraignent les villageois à se soumettre et à accepter une logique de domination dérivée d’un imaginaire politique impérial et esclavagiste des pouvoirs théocratiques du XIXe siècle – comme l’Empire peul du Macina de Sékou Amadou – établi par le djihad[2]

Dans des terroirs historiques comme le pays dogon, Djenné ou le Macina, les groupes d’autodéfense s’inscrivent dans une logique de contre-insurrection, une résistance à la restauration d’une domination politique inégalitaire à l’égard du paysan perçu comme mécréant et passible d’être soumis au nom de l’islam. 

Cette guerre des mémoires historiques, des imaginaires politiques est ancrée dans les mémoires collectives des combattants qui s’affrontent. Ce faisant, les traces traumatiques de certaines violences passées sont encore vives dans les mémoires collectives des sociétés paysannes du centre du Mali. La dimension agraire du conflit armé semble actualiser ces traces traumatiques. En outre, les sièges et embargos que les groupes djihadistes imposent aux villageois qui leur résistent sont ainsi vécus comme la manifestation d’un projet d’appropriation des terres et de soumission des villages via une stratégie qui consiste à les isoler des réseaux d’approvisionnement en produits de première nécessité. 

En détruisant les infrastructures de base (pose d’explosifs sur les routes, destruction de ponts) et en étouffant la vie économique des villageois, ces groupes djihadistes ont réussi à faire passer sous leur influence certaines localités de la plaine du pays Dogon, notamment dans le cercle de Koro et de Bankass. Isolés et étouffés, des villages ont fini par adhérer aux propositions de négociation. 

Par le biais d’ONG et d’associations locales, entre décembre 2020 et janvier 2021, des notables villageois ont signé des « Accords locaux ». Promus comme des initiatives locales de dialogue avec les djihadistes, les villages de Dangatèné, Madougou dans le cercle de Koro et Dogofry, Faraboubougou dans le cercle de Niono ont participé à ces échanges et ont signé les textes de ces accords, dont certaines copies sont disponibles via le site de l’ONG HD (Dialogue Humanitaire), elle-même médiatrice entre les parties. 

Ces textes ne comportent cependant la signature d’aucun groupe djihadiste, alors qu’ils sont censés être le résultat d’âpres négociations avec ceux-ci.  Si cela ne remet pas en cause l’implication des djihadistes dans les négociations, l’absence de signature pose un problème en termes d’identification des acteurs du dialogue et des forces en présence. 

Outre les médiateurs du dialogue (associations, ONG), ce sont les notables peuls et dogons qui ont paraphé les textes. Certes, ces notabilités pourraient techniquement représenter les villageois, mais représentent-ils aussi les djihadistes, les principaux acteurs des négociations ?

La baisse des attaques et le sentiment de calme relatif au premier trimestre 2021 ont été suivis d’une phase de mise en œuvre des termes non écrits des accords par les djihadistes. Dans le cercle de Koro, par exemple, pour la saison agricole 2021, de nombreux villages signataires ont vu des hommes armés faire irruption dans le village pour désigner le nouveau périmètre agricole et les modalités d’accès aux champs. 

Ces hommes armés ont réduit la zone agricole à un périmètre de 1km autour du village, tout en précisant que le reste des terres serait réservé à l’activité pastorale. De plus, l’accès à cette zone désignée a été conditionné au paiement d’une taxe allant de 25 000 à 50 000 francs CFA/hectare (environ 40 et 80 euros), ainsi que la collecte de la zakat (dîme islamique) sur les récoltes à la fin de la saison agricole. 

L’impasse ethno-foncière comme angle de la mort des opérations militaires ?

La complexité du tableau ainsi esquissé met en lumière une partie des problèmes auxquels sont confrontées les opérations de contre-terrorisme dans cette région dite des trois frontières. Ici, les dynamiques agraires se mêlent aux antagonismes ethniques nés des déséquilibres socio-économiques causés par l’héritage du mode de domination impérial et ses métamorphoses au contact de la globalisation de l’État-nation depuis la colonisation[3], ainsi que la cristallisation de certains conflits sociaux et politiques issus des moments d’historicité qui ont marqué la longue marche historique des sociétés sahéliennes en général, et celles de cette région en particulier[4]

La prééminence de l’agriculture comme noyau de la production économique (socialiste) du Mali post-indépendance dans le delta central du Niger[5] – région qui a été le cœur du Macina historique, avec une économie basée sur l’élevage – les séquelles des famines causées par les sécheresses des années 1970 et 1980, la récupération des pôles de pouvoir à partir des années 1990 (communes et collectivités locales) par les familles aristocratiques locales à la faveur de la décentralisation, et enfin les changements sociaux et politiques (gouvernement dans la violence) liés à l’implantation des groupes armés à partir de 2016, sont autant de moments d’historicité qui structurent  les dynamiques conflictuelles, aujourd’hui, des groupes armés d’une part, et les communautés villageoises auxquelles ils appartiennent et qu’ils entendent souvent protéger et défendre d’autre part. 

Ces différents facteurs rendent les opérations militaires susceptibles d’être accusées de commettre des crimes contre des civils. À ce propos, les forces armées maliennes sont continuellement accusées par des associations locales telles que Tabital Pulaku, Kissal et par certaines organisations de défense des droits de l’homme. Ces organisations accusent les forces armées maliennes de cibler des personnes sur la base de leur appartenance ethnique, de les torturer ou de les éliminer physiquement. 

De même, début 2021, une opération antiterroriste menée par la force française Barkhane à Bounty a été accusée par la Jeunesse Tabital Pulaku d’avoir tué 19 civils en bombardant des personnes célébrant un mariage. Accusations rejetées par les responsables militaires et le gouvernement français, qui soulignent les méthodes rigoureuses d’identification et de recoupement des informations avant toute frappe aérienne. Après enquête, la mission de l’ONU (Minusma) a validé la version de la Jeunesse Tabital Pulaku qui accuse Barkhane d’avoir frappé des civils. 

Quant aux mouvements d’autodéfense comme Dan Nan Ambassagou, ils sont accusés par ces mêmes organisations, et parfois par la division des droits de l’homme de la mission de l’ONU (Minusma), d’être responsables de massacres sur la population civile. Violation de droits humains, violences sur les civils, amalgames : l’extrême complexité des dynamiques socio-ethniques et des intérêts politico-djihadistes qui accompagnent toute opération de force risque de décrédibiliser son auteur.  

Au niveau des villages, ces accusations sont rejetées par les combattants des mouvements d’autodéfense comme Dan Nan Ambassagou qui, le plus souvent, sont certains d’avoir reconnu les auteurs des attaques sur les villages. Ils remettent en cause la formule « attaques perpétrées par des hommes armés non identifiés », en vogue dans les déclarations officielles et dans les médias. Ainsi, les combattants d’autodéfense se démarquent de la figure désincarnée du djihadiste, inconnu de tous mais traqué par tous. Ils matérialisent la menace en donnant un visage à l’assaillant (souvent issu d’un village voisin ou anciennement habitant du même village) et en localisant son terroir historique ; matérialisation qui risque l’approximation, en absence d’enquête sérieuse. 

Dans le centre du Mali et dans la zone des trois frontières, la lutte contre les groupes djihadistes s’avère donc plus complexe qu’ailleurs au Sahel. Tout engagement militaire au sol ou dans les airs doit réussir à démêler les nœuds qui caractérisent les relations socio-politiques complexes et historiques, désormais en articulation avec les mobilisations armées, qu’elles soient djihadistes ou d’autodéfense. 

Plus que les impacts du changement climatique et le prophétisme néomalthusianiste de la démographie et de la guerre pour le contrôle des ressources naturelles, ou encore que la crise du pastoralisme, les facteurs politico-historiques propres aux sociétés sahéliennes et les conflictualités inhérentes aux régimes d’appropriation des terres sont des variables indispensables à la compréhension des antagonismes actuels, quelles que soient leurs formes et modes d’expression.   

Qu’il s’agisse de la force française Barkhane ou européenne Takuba, des forces maliennes ou du G5-Sahel, toute opération militaire reste perméable aux accusations et aux possibilités de confusion entre les différents niveaux de l’écosystème conflictuel de ces sociétés rurales du centre du Mali. De ce fait, la réorganisation en cours des forces internationales au Mali, notamment Barkhane et Takuba, ne pourrait connaître de succès, même tactique, qu’en relevant le défi de la complexité des dynamiques politiques et historiques, de la compréhension des enjeux locaux et donc agraires. 

C’est en partie cette connaissance fine qui explique la capacité des groupes djihadistes à recruter et à mettre dos à dos des villages voisins et paisibles, voire appartenant historiquement à une même lignée. Aussi la possibilité de se fier aux informations fournies par les locaux reste-t-elle mince, étant donné que cela pourrait causer l’élimination de l’informateur et l’incendie de son hameau ou de son village. 

C’est en cela que le djihadisme dans la région des trois frontières a un visage indigène, un objectif inséparable des dynamiques de terroir. Les actions très médiatisées contre les forces internationales contribuent sans doute à l’aura de chaque groupe et à sa capacité à attirer de nouveaux combattants et à augmenter son pouvoir de séduction des dignitaires de l’internationale terroriste d’Al-Qaïda et de Daesh. 

Décrit comme angle mort de l’intervention française, le déploiement dans le centre du Mali pourrait conduire à plusieurs situations similaires à celle de Bounty. De plus, en ces temps de relations troubles entre les colonels au pouvoir et les partenaires régionaux et internationaux du Mali (en raison de l’absence d’un agenda électoral clair et du rapprochement avec la Russie), de telles accusations participeraient à frustrer davantage les populations rurales, qui mettent en cause l’efficacité des forces internationales et françaises en particulier. En plus de l’équation Wagner, l’impasse ethno-foncière risque de faire de la zone des trois frontières l’angle de la mort de l’intervention française au Mali.


[1] Guyer, Jane I., (2004), Marginal Gains. Monetary transactions in Atlantic Africa, Chicago, University of Chicago Press.

[2] Robinson, David (1988), La guerre sainte d’al Hajj Umar. Le Soudan occidental au milieu du XIXe siècle. Traduit de l’anglais par Henry Tourneux et Jean-Claude Vuillemin. — Paris, Karthala.

[3] Bayart, Jean-François (2004), Le Gouvernement du monde. Une critique politique de la globalisation, Paris, Fayard. 

[4] Bayart, J-F., Poudiougou, I. & Zanoletti, G. (2019), L’État de distorsion en Afrique de l’Ouest : Des empires à la nation. Paris, Karthala and AFD. 

[5] Kouyaté, Seydou B. (1963), « Politiques de développement et voies africaines du socialisme », Présence Africaine, Nouvelle série, No. 47 (3e trimestre 1963), pp. 59-72. 

Notes

[1] Guyer, Jane I., (2004), Marginal Gains. Monetary transactions in Atlantic Africa, Chicago, University of Chicago Press.

[2] Robinson, David (1988), La guerre sainte d’al Hajj Umar. Le Soudan occidental au milieu du XIXe siècle. Traduit de l’anglais par Henry Tourneux et Jean-Claude Vuillemin. — Paris, Karthala.

[3] Bayart, Jean-François (2004), Le Gouvernement du monde. Une critique politique de la globalisation, Paris, Fayard. 

[4] Bayart, J-F., Poudiougou, I. & Zanoletti, G. (2019), L’État de distorsion en Afrique de l’Ouest : Des empires à la nation. Paris, Karthala and AFD. 

[5] Kouyaté, Seydou B. (1963), « Politiques de développement et voies africaines du socialisme », Présence Africaine, Nouvelle série, No. 47 (3e trimestre 1963), pp. 59-72.