International

L’OTAN, Poutine et la guerre en Ukraine

Politiste

Condamner la guerre de Poutine doit aller de pair avec l’imagination d’un ordre sécuritaire plus juste, incluant l’évolution vers une plus grande autonomie européenne en matière de défense. Pourtant, l’opinion dominante outre-Atlantique prône l’élargissement de l’OTAN et l’accroissement de la présence militaire américaine en Europe.

Le président russe Vladimir Poutine, après un renforcement soutenu de ses forces – le total atteignant 120 000 soldats et membres de la garde nationale –, a décidé le 24 février de lancer une invasion à grande échelle en Ukraine. Cette décision a ravivé un débat très vif aux États-Unis. D’un côté, il y a le camp composé principalement, mais pas exclusivement, de personnes appartenant à l’école de pensée réaliste. Ce camp insiste sur le fait que la décision de Poutine ne peut être comprise qu’en tenant compte des frictions que l’expansion de l’OTAN vers l’est a créées entre la Russie et les États-Unis. L’autre camp, composé principalement de néoconservateurs et d’internationalistes progressistes, rétorque que les protestations de Poutine contre l’élargissement de l’OTAN sont fallacieuses, et affirme que l’animosité de Poutine à l’égard de la démocratie – en particulier la crainte que le succès de celle-ci en Ukraine ne déteigne sur la Russie et ne fasse tomber l’État qu’il a construit depuis 2000 – est la seule raison de la guerre.

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Les deux parties ont succombé à « l’erreur du facteur unique ». Étant donné la complexité de l’histoire et de la politique, pourquoi devrions-nous supposer que Poutine n’a qu’un seul objectif, qu’une seule appréhension ? Il s’en suit que leurs échanges ont été peu concluants, produisant plus de chaleur que de lumière. On a parfois assisté à des représentations simplistes du réalisme dans les colonnes des quotidiens et des magazines et, pire encore, à de vilesattaques ad hominem. Il y a eu peu de débats pertinents. Les médias sociaux ont donné lieu à beaucoup de bruit et de fureur, aussi fructueux que les tentatives d’un chien qui court en rond pour attraper sa queue, en beaucoup moins drôle.

L’opposition à la guerre de Poutine contre l’Ukraine ne doit pas nous empêcher de chercher à comprendre les circonstances qui y ont conduit. Il est important d’insister sur ce point, car la guerre a suscité de vives émotions, et les analyses


Rajan Menon

Politiste, Directeur du programme de stratégie globale à Defense Priorities