L’extrême droite espagnole entre politique et justice
En 2014, des chercheuses affirmaient que le système politique espagnol n’était pas propice à l’émergence électorale d’un parti d’extrême droite. Au même moment naissait Vox. Quelques années plus tard, la formation d’extrême droite apparaît comme un acteur installé du paysage politique espagnol. Aux élections législatives de 2019, Vox obtient 15 % des suffrages exprimés ainsi que 52 députés, ce qui en fait la troisième force politique représentée au niveau de la chambre basse, le Congrès des Députés. Plus encore que la fulgurance électorale d’une formation politique née en décembre 2013, c’est son style d’opposant qui nous intéresse ici, et la manière dont les plus hauts représentants du parti utilisent les tribunaux pour faire avancer leur agenda politique.

L’émergence récente de l’extrême droite en Espagne
Vox est apparu dans une conjoncture politique de défiance à l’égard des deux grands partis qui ont dominé la vie politique espagnole depuis la transition démocratique en 1975 : le Partido Popular (Parti populaire, PP) et le Partido Socialista Obrero Español (Parti socialiste ouvrier espagnol, PSOE). Quelques années après les mobilisations de 2011, dont le slogan était « ils ne nous représentent pas », plusieurs formations politiques naissent de la contestation du bipartisme. C’est le cas de Podemos (« nous pouvons »), formation de gauche radicale créée en 2014, ou encore de Vox qui naît en décembre 2013.
Après quelques années de tâtonnement, et une première tentative échouée aux élections européennes de 2014, la formation est reprise par Santiago Abascal, ancien député entre 2004 et 2009 du Parti Populaire au Parlement basque. Il est notamment connu pour ses prises de positions critiques à l’égard de son propre parti, autant dans les scandales de corruption mêlant des grandes personnalités du parti que pour la position jugée trop laxiste de ce dernier à l’égard des nationalismes basque et catalan au nom de la défense de l’unité nationale.
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