Rediffusion

Gender backlash

Historienne

Ces dernières années, la condamnation violente des études féministes et de genre s’est fait sentir aussi bien de la part de dirigeants autoritaires que dans des pays en apparence plus progressistes. Ce retour de bâton a de quoi inquiéter, mais il témoigne aussi du fait que le travail de dénaturalisation des normes de genre opéré par ces études est perçu comme une véritable menace par les ennemis du changement social. Rediffusion du 8 mars 2022

Ces dernières années, nous avons assisté à une montée en puissance d’un backlash, d’un retour de bâton international contre les études féministes, de genre et de sexualité, non seulement dans des pays dirigés par des gouvernants autoritaires (Hongrie, Turquie, Brésil, Pologne, Russie, Inde), mais aussi dans des nations apparemment progressistes et laïques telles que l’Équateur, où le président Rafael Correa a évoqué les « atrocités » de la « dangereuse idéologie du genre » en 2014 (« la famille naturelle n’est pas une question de droite ou de gauche », a-t-il déclaré, « mais de sens commun ») (Vega 2017), et, plus récemment, la France, où le gouvernement Macron, cherchant à saper le pouvoir électoral croissant de la droite, a condamné les études sur les discriminations, le genre et l’intersectionnalité en les qualifiant d’importations étrangères et en les considérant comme en contradiction avec les principes politiques universalistes de la République.

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Aux États-Unis, partout où les Républicains contrôlent les instances législatives des États, des lois interdisent désormais tout enseignement ayant un rapport avec la « justice sociale », à savoir l’histoire de l’esclavage et les analyses portant sur les politiques raciales contemporaines, mais aussi les études sur l’évolution des normes en matière de genre et de sexualité. Dans tous ces cas, un réquisitoire hystérique a été lancé contre le mot « genre », une notion considérée comme satanique, dégénérée, contraire aux fondements mêmes de l’État et de la société humaine.

Pourquoi l’enseignement du genre et de la sexualité est-t-il devenu un sujet aussi brûlant ? Comment se fait-il que Victor Orban, en Hongrie, ait lié l’abolition des programmes d’études de genre à sa « démocratie illibérale » ? Pourquoi Jair Bolsonaro, au Brésil, veut-il interdire toute référence au féminisme, à l’homosexualité et aux enseignements de l’éducateur démocratique Paulo Freire dans les manuels scolaires ?

Pourquoi, tandis qu’il dém


Joan W. Scott

Historienne