Entre vitesse et précipitation : la Nouvelle-Calédonie au terme des accords
Dans une interview donnée lors d’une journée d’études organisée par le journal Le Point et consacrée aux Outre-mer français, le 25 janvier 2022, Sébastien Lecornu tenait des propos révélateurs d’une certaine conception de la place occupée par les « peuples premiers » dans la nation française. « Les peuples premiers », nous disait-il, « ce n’est pas que le Quai Branly » en faisant allusion au célèbre Musée parisien. « Ce sont aussi deux peuples vivants, les Kanak en Nouvelle-Calédonie et les Amérindiens en Guyane. Ça c’est très concret, c’est humain. Ce n’est pas qu’anthropologique. Nous avons des citoyens de la République française qui sont Kanak et Amérindiens, c’est une richesse nationale qu’il faut préserver. Elle participe à notre identité de Français. »

Difficile d’imaginer que de tels propos ne suscitent pas un malaise certain parmi les auditeurs amérindiens ou kanak et plus encore parmi les interlocuteurs indépendantistes en Nouvelle-Calédonie ou en Polynésie soucieux d’établir une nouvelle relation équilibrée avec la France fondée sur un partenariat équitable entre États souverains.
À la question du journaliste « Pourquoi la France reste en Nouvelle-Calédonie », Sébastien Lecornu répondait par une autre question : « Pourquoi la France reste en Bretagne ? » Et il poursuivait : « Le démembrement géographique ne peut en aucun cas justifier un éloignement de ce qu’est la nation. […] Pourquoi on reste en Seine Saint Denis ? Pourquoi on reste en Corrèze ? Pourquoi on reste dans la Creuse ? Merci de poser la question parce que l’ensemble même de notre histoire politique, c’est l’État-Nation. L’ensemble du trouble de notre relation avec les territoires d’outre-mer, c’est la colonisation. L’ensemble de la suite de l’histoire, ça s’appelle la République. »
Désapprouvant « une approche comptable de la République » qui consisterait à mesurer la contribution de chaque région ou territoire à la richesse nationale, il déclarait : « Il n’y a que l’Île-de-France q