Société

De la non-violence

Politiste et philosophe

La contre-productivité de la violence fait aujourd’hui quasiment figure d’article de foi. Pourtant, l’affirmation d’une supériorité stratégique de la non-violence ignore l’ambiguïté des résultats des recherches en sciences sociales et politiques. La Journée internationale de la non-violence ce dimanche 2 octobre offre l’occasion de s’interroger sur une question globalement sous-étudiée en France, au contraire de l’Inde, des États-Unis et de l’Afrique du Sud.

Le 2 octobre est la Journée internationale de la non-violence. Depuis 2007, on la célèbre à la date anniversaire de la naissance de Mohandas Gandhi (1869-1948), le chef de file du mouvement pour l’indépendance de l’Inde, pionnier et penseur de la résistance non-violente.

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Les saints laïcs de la non-violence

Gandhi inventa le néologisme sanskrit satyāgraha (signifiant « Force-Vérité ») en 1908 pour décrire son engagement dans le mouvement de défense des droits des migrants indiens en Afrique du Sud sous l’apartheid et pour distinguer la nouvelle forme d’action politique qu’il développait de la « résistance passive » que prônait Léon Tolstoï. S’inspirant plus encore de la conception de la résistance civile qu’avait élaboré l’américain Henry David Thoreau, Gandhi voulait démontrer par la pratique que le pouvoir de l’État, aussi violent et répressif soit-il, repose toujours, en dernière instance, sur la coopération des sujets qui sont libres de la retirer (une leçon qu’Étienne de la Boétie étayait déjà dans son Discours de la servitude volontaire).

Dans le satyāgraha, la non-coopération s’aligne sur l’ahiṃsā, le principe jaïniste (et bouddhiste) de non-violence qui exige le respect de la vie dans toutes ses formes. Le Mouvement de non-coopération de 1920 et la Marche du sel de 1930 fournirent des exemples éclatants de cette forme de résistance civile de masse que Gandhi développa « par l’expérimentation », comme il disait, au cours de la lutte pour l’indépendance de l’Inde.

Gandhi inspira à son tour Martin Luther King, figure tutélaire du mouvement des droits civiques afro-américain, et Nelson Mandela, l’activiste anti-apartheid et futur président de l’Afrique du Sud. Tous deux puisèrent à la source de la philosophie gandhienne pour articuler leur théorie et praxis respectives de la non-violence. Tous trois ont soutenu et eu recours à la désobéissance civile, une des tactiques principales de la résistance non-violente qui implique la violation délibérée et publ


[1] Erica Chenoweth utilise le pronom inclusif neutre.

Candice Delmas

Politiste et philosophe, Associate Professor à Northeastern University, Boston

Notes

[1] Erica Chenoweth utilise le pronom inclusif neutre.