Culture

Les mondes de l’art alternatifs du fanzine

Artiste éditeur, Artiste éditrice curatrice

Dans un contexte contemporain où les médiums artistiques sont légion, les mondes que déploient les fanzines sont autant de mondes de l’art à la fois sauvages, bricolés, sans hiérarchie, conviviaux et engagés. Offprint, le salon des éditeurs indépendants qui se tient jusqu’au 13 novembre au Pavillon de l’Arsenal à Paris, offre l’occasion de retrouver ces formats imprimés dont les artistes assurent de bout en bout la production et la diffusion.

Une nouvelle génération d’artistes paraît parfois plus séduite par l’idée de produire et de diffuser elle-même son travail plutôt que par le circuit habituel des galeries et institutions traditionnelles. Parmi les très nombreux médiums à sa disposition, les formats imprimés se sont imposés comme une évidence, depuis les techniques d’estampes traditionnelles, jusqu’aux livres d’artistes qui trouvaient leur origine dans l’art conceptuel, la poésie concrète et le mouvement Fluxus. Mais le format le plus populaire aujourd’hui est le « zine » ou « fanzine », qui se situe plutôt dans la filiation des publications punks et underground que dans la grande tradition bibliophilique.

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Ce format à faire soi-même, dont les codes sont tellement souples qu’on peine parfois à le catégoriser, offre une très grande liberté tant sur le fond que dans les formes choisies. Trouvant sa source dans l’esprit Do It Yourself (DIY) initié par les artistes punks à la fin des années 1970, le fanzine a suivi une évolution surprenante et il est même parvenu à survivre à l’apparition du web, jusqu’à devenir ces dernières décennies un médium de référence.

Qu’est qu’un fanzine ?

Les premières publications amateures à proprement parler apparaissent à la fin du XIXe siècle au sein de cercles littéraires afin de publier poésies et nouvelles. Par la suite, les publications amateures de la première partie du XXe siècle, imprimées à l’aide de techniques aujourd’hui disparues, comme le duplicateur à alcool ou le miméographe, traitent principalement de littérature et plus précisément de science-fiction. Parallèlement, les avant-gardes du début du XXe siècle publient leurs propres journaux dans un esprit dadaïste.

Alors qu’on considère habituellement The Comet, publié en mai 1930 par le Science Correspondence Club comme le tout premier fanzine du genre[1], ce n’est qu’à partir de 1940 que le terme de « fanzine » (contraction de fanatic et magazine) est adopté pour désigner ce type de publication amate


[1] Stephen Duncombe, Notes from Underground, Zines and the Politics of Alternative Culture, Portland, Microcosm Publishing, (1997) 2008, p. 114.

[2] La ronéotypie dont le nom provient de la marque déposée britannique Roneo est une technique d’impression où l’encre liquide passe à travers un stencil grâce à une rotation qui pousse de l’encre par mouvement centrifuge. Cette technique est l’ancêtre des machines Riso très courantes aujourd’hui.

[3] Stephen Duncombe, Notes from Underground, op. cit., p. 33-36 : « Zines put a slight twist on the idea that the personal is political. »

[4] Factsheet Five est un « review zine » fondé par Mike Gunderloy en 1982 et repris par Seth Friedman de 1992 à 1998. Pendant toute la durée où il l’édite, Gunderloy écrit des comptes-rendus de tous les fanzines qui lui sont envoyés, sans exception. Factsheet Five devient donc rapidement une référence en matière de fanzines, puisqu’il recense tous les styles de fanzines publiés.

[5] Mike Gunderloy, « Zines: Where the Action Is: The Very Small Press in America », Zinewiki [En ligne], non paginé.

[6] Michelle Cotton et Nicole Yip (ed.), Xerography, Colchester, Firstsite, 2013.

[7] Stephen Willats « Xerox as an agent of social change », in Xerography, op. cit. : « Though the relationship between communication technologies and the creation of culture is so inextricably bound up that innovations such as Xerox, instant copying can be seen to actually shape and create new culture. Thus people’s inherent need for self-expression, inhibited and repressed within norms and conventions of an authoritative and dominant culture quickly led to the appropriation of the Xerox technology in the creation of new expressions. (…) Thus the results of the encoding of original artwork through Xerox have become associated with expressions that are in alienation, even opposition, to the dominant culture of authoritative determinism. »

[8] Teal Triggs, Fanzines, La Révolution du DIY, Paris, Pyramid, 2010, p. 12.

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Antoine Lefebvre

Artiste éditeur, Enseignant chercheur en design à l’Université de Nîmes

Laura Morsch-Kihn

Artiste éditrice curatrice, Directrice de Objet Artistique Non Identifié

Notes

[1] Stephen Duncombe, Notes from Underground, Zines and the Politics of Alternative Culture, Portland, Microcosm Publishing, (1997) 2008, p. 114.

[2] La ronéotypie dont le nom provient de la marque déposée britannique Roneo est une technique d’impression où l’encre liquide passe à travers un stencil grâce à une rotation qui pousse de l’encre par mouvement centrifuge. Cette technique est l’ancêtre des machines Riso très courantes aujourd’hui.

[3] Stephen Duncombe, Notes from Underground, op. cit., p. 33-36 : « Zines put a slight twist on the idea that the personal is political. »

[4] Factsheet Five est un « review zine » fondé par Mike Gunderloy en 1982 et repris par Seth Friedman de 1992 à 1998. Pendant toute la durée où il l’édite, Gunderloy écrit des comptes-rendus de tous les fanzines qui lui sont envoyés, sans exception. Factsheet Five devient donc rapidement une référence en matière de fanzines, puisqu’il recense tous les styles de fanzines publiés.

[5] Mike Gunderloy, « Zines: Where the Action Is: The Very Small Press in America », Zinewiki [En ligne], non paginé.

[6] Michelle Cotton et Nicole Yip (ed.), Xerography, Colchester, Firstsite, 2013.

[7] Stephen Willats « Xerox as an agent of social change », in Xerography, op. cit. : « Though the relationship between communication technologies and the creation of culture is so inextricably bound up that innovations such as Xerox, instant copying can be seen to actually shape and create new culture. Thus people’s inherent need for self-expression, inhibited and repressed within norms and conventions of an authoritative and dominant culture quickly led to the appropriation of the Xerox technology in the creation of new expressions. (…) Thus the results of the encoding of original artwork through Xerox have become associated with expressions that are in alienation, even opposition, to the dominant culture of authoritative determinism. »

[8] Teal Triggs, Fanzines, La Révolution du DIY, Paris, Pyramid, 2010, p. 12.

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