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Midterms : le rôle crucial de Black Lives Matter

Chercheuse en géopolitique et journaliste

Les bons résultats des Démocrates aux élections américaines de mi-mandat doivent moins à la campagne du parti de Joe Biden, toujours aussi impopulaire, qu’à des dynamiques locales suscitées par un activisme politique de longue haleine : celui du mouvement Black Lives Matter, dont les membres ont largement investi l’enjeu électoral, sans pour autant renoncer à d’autres formes d’action.

Il aura fallu attendre une longue semaine, que tous les bulletins de vote aient été dépouillés, pour le confirmer : les Républicains ont regagné le contrôle de la Chambre des représentants. Certes, mais les Démocrates ont sauvé le Sénat et évité la débâcle. Non seulement la vague rouge annoncée n’a pas eu lieu, mais ces résultats sont même assez exceptionnels pour des élections de mi-mandat traditionnellement défavorables au président en place.

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Les Démocrates s’en sortent donc, malgré l’impopularité continue de Joe Biden – son taux d’opinions favorables est tombé à 37 % le 15 novembre (Reuters) –, malgré une campagne tardivement axée sur les problématiques économiques et l’inflation, première préoccupation des Américain·e·s, et malgré un bilan mitigé sur les questions de justice sociale et raciale. Souvent, la stratégie démocrate s’est limitée à diaboliser les Républicains et à se présenter comme une alternative raisonnable, un barrage pour sauver la démocratie, sans véritablement assumer des positions idéologiques fortes. En septembre, les Représentants démocrates ont même adopté un projet de loi allouant plus de fonds et de moyens à la police, une façon d’assurer les électeur·rice·s qu’ils ne sont pas « anti-police », à rebours des demandes de désinvestissement propulsées par les mobilisations de 2020.

À l’occasion de ces midterms, les Américain·e·s votant démocrate ne devaient donc pas tant adhérer à un projet radical et progressiste que se prononcer contre le projet réactionnaire et conservateur républicain. Comment, alors, les Démocrates ont-ils conquis le contrôle des gouvernements dans le Michigan, le Maryland et le Massachussetts, gagné le poste de gouverneur en Pennsylvanie ou encore la mairie à Los Angeles ? L’omniprésence de Donald Trump sur la scène politique et son soutien à de nombreux candidat·e·s complotistes et inexpérimenté·e·s (pour ne pas dire complètement incompétent·e·s) n’a pas eu l’effet espéré.

Le retour de la politique locale

Ces


[1] Déclaration de Black Lives Matter Grassroots sur Twitter et Instagram, 26 août 2022.

[2] Audrey Célestine et Nicolas Martin-Breteau, « “Un mouvement, pas un moment” : Black Lives Matter et la reconfiguration des luttes minoritaires à l’ère Obama », Politique américaine, vol. 28, n° 2, 2016, p. 15-39.

[3] Audrey Célestine, Nicolas Martin-Breteau et Charlotte Recoquillon, « Introduction – Black Lives Matter : un mouvement transnational ? », Esclavages & Post-esclavages [en ligne], n° 6, 2022.

[4] Movement 4 Black Lives, une coalition de plusieurs centaines d’organisations, a produit collectivement une feuille de route intitulée « Vision for Black Lives ». Ce document fait la liste des revendications et des objectifs partagés par le mouvement antiraciste.

[5] Charlotte, Recoquillon, « Les élections comptent. Remarques sur l’évolution de la politique électorale du mouvement Black Lives Matter », Hérodote, vol. 184-185, n° 1-2, 2022, p. 93-111 ; Linda Burnham, Elbaum Max et Maria Poblet, Power Concedes Nothing : How Grassroots Organizing Wins Elections, OR Books, 2022, 300 p.

[6] Black Journal, n° 67, « Interview with Angela Davis », 1972.

[7] Entretien, octobre 2022.

[8] Alicia Garza, The Purpose of Power. How to Build Movements for the 21st Century, Londres, Doubleday, 2020, 336 p.

[9] Voir la section « Political Power » du programme « Vision 4 Black Lives » élaboré par le Movement 4 Black Lives.

[10] Post Instagram de Melina Abdullah et Black Lives Matter Los Angeles, 9 novembre 2022.

[11] Post Facebook et Instagram de Melina Abdullah, 17 novembre 2022.

Charlotte Recoquillon

Chercheuse en géopolitique et journaliste, Docteure en géopolitique, spécialiste des États-Unis

Mots-clés

Black Lives Matter

Notes

[1] Déclaration de Black Lives Matter Grassroots sur Twitter et Instagram, 26 août 2022.

[2] Audrey Célestine et Nicolas Martin-Breteau, « “Un mouvement, pas un moment” : Black Lives Matter et la reconfiguration des luttes minoritaires à l’ère Obama », Politique américaine, vol. 28, n° 2, 2016, p. 15-39.

[3] Audrey Célestine, Nicolas Martin-Breteau et Charlotte Recoquillon, « Introduction – Black Lives Matter : un mouvement transnational ? », Esclavages & Post-esclavages [en ligne], n° 6, 2022.

[4] Movement 4 Black Lives, une coalition de plusieurs centaines d’organisations, a produit collectivement une feuille de route intitulée « Vision for Black Lives ». Ce document fait la liste des revendications et des objectifs partagés par le mouvement antiraciste.

[5] Charlotte, Recoquillon, « Les élections comptent. Remarques sur l’évolution de la politique électorale du mouvement Black Lives Matter », Hérodote, vol. 184-185, n° 1-2, 2022, p. 93-111 ; Linda Burnham, Elbaum Max et Maria Poblet, Power Concedes Nothing : How Grassroots Organizing Wins Elections, OR Books, 2022, 300 p.

[6] Black Journal, n° 67, « Interview with Angela Davis », 1972.

[7] Entretien, octobre 2022.

[8] Alicia Garza, The Purpose of Power. How to Build Movements for the 21st Century, Londres, Doubleday, 2020, 336 p.

[9] Voir la section « Political Power » du programme « Vision 4 Black Lives » élaboré par le Movement 4 Black Lives.

[10] Post Instagram de Melina Abdullah et Black Lives Matter Los Angeles, 9 novembre 2022.

[11] Post Facebook et Instagram de Melina Abdullah, 17 novembre 2022.