Sobriétés sportives choisies
L’une des conséquences indirectes de l’invasion de l’Ukraine par la Russie est la prévalence, dans l’agenda politique, sur le devant de la scène médiatique comme dans le quotidien des Français, de la notion de « sobriété énergétique ». Il s’agit désormais de « faire avec moins » de consommations énergétiques, le terme de « délestage » étant aussi régulièrement utilisé. La recherche de sobriété relève ici d’une injonction collective comme en atteste l’appel à la « mobilisation générale » sous-tendant le « plan de sobriété énergétique » présenté par le gouvernement le 6 octobre 2022 et dont l’objectif affiché est une réduction de 10% de notre consommation en énergie d’ici 2024.

La conception de ce plan revêt un caractère hautement conjoncturel : ainsi, « dans un contexte [nous soulignons] où nous devons faire face à des risques en matière d’approvisionnement de gaz mais aussi en matière d’électricité du fait d’une moindre disponibilité de notre parc nucléaire, la sobriété énergétique s’impose [nous soulignons] pour passer l’hiver dans les meilleures conditions ».
Bien qu’un horizon à plus long-terme soit évoqué, avec la neutralité carbone comme visée pour 2050 (« la sobriété énergétique, un levier indispensable pour accélérer la sortie des énergies fossiles »), il s’agit de parer au plus pressé (« passer l’hiver… »). La stratégie réside dans l’implication d’un spectre élargi de secteurs d’activités dont l’industrie, le logement, les transports, le numérique mais aussi le sport.
Des études ont ainsi montré que les pratiques sportives pouvaient accélérer les changements climatiques (pour une synthèse, voir les travaux de Paquito Bernard et ses collaborateurs en 2021). À titre illustratif, un footballeur professionnel de Premier League possède une empreinte carbone plus de trois fois supérieure à celle d’un adulte anglais moyen. Ce constat se vérifie aussi dans le monde amateur, le sport pouvant représenter jusqu’à un quart de l’empreinte carbone d’une personne