Jusqu’où assumer la contre-violence en Anthropocène ?
L’Anthropocène – cette époque géologique de l’impact global et massif de l’humanité en tant qu’espèce sur l’ensemble de la biosphère – marquerait-elle aussi l’avènement d’une violence inédite du côté des écologistes ?

Derrière le symbole des méga-bassines se dessine un motif global de lutte : la défense du « Terrestre », contre le franchissement catastrophique des limites planétaires. Sainte-Soline marque-t-elle un changement historique du mouvement écologiste face à l’usage de la violence : une reconnaissance tacite de la nécessaire légitime violence pour répondre à l’inconséquence mortifère des autorités ?
Il est nécessaire de reconnaitre que, du côté des manifestants, la rhétorique de la violence était au cœur de l’action. Comme le chantaient les militants dans les cortèges : « À Sainte-Soline, la guerre de l’eau est déclarée ! On est là pour la gagner ! ». On peut bien sûr se rassurer en opposant la violence de radicalisés écologistes « d’ultra-gauche » et de black-blocks contre un service d’ordre républicain, ou bien en dénonçant la violence démesurée d’un appareil ultra-répressif envers de pacifistes manifestants écologistes. La férocité des forces de l’ordre s’est pleinement exprimée dans son refus de différencier les manifestants ; l’absence de discernement dans l’usage de la force témoigne de la volonté de réduire 20 000 personnes à la seule figure de l’activiste violent. Ainsi, l’un des auteurs de ces lignes, chercheur en situation de handicap, brandissant ostensiblement sa canne blanche, s’est vu gratifié d’une grenade assourdissante à quelques centimètres du visage, le condamnant à la surdité pendant plusieurs heures angoissantes (tandis que son guide avait les yeux brûlés par le souffle de l’explosion). On peut certes se réjouir que la tentative, peu fair play, des forces de l’ordre de rendre sourd un aveugle ait échoué !
La situation est bien évidemment infiniment plus complexe que cette polarisation manichéenne. Car, si l’usage disproportion