BRICS : la fabrique d’un ordre international post-occidental
Les leaders des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) se sont réunis pour leur 15e sommet annuel du 22 au 24 aout à Johannesburg. Cette édition a été marquée par l’annonce de l’élargissement du groupe, une première depuis l’intégration de l’Afrique du Sud en 2010. L’Arabie Saoudite, l’Argentine, l’Égypte, les Émirats arabes unis, l’Éthiopie et l’Iran deviendront membres à part entière à partir du 1er janvier 2024. Avec 11 membres réunissant à eux seuls 46 % de la population mondiale, 36 % du PIB (en parité de pouvoir d’achat) et près de 45 % des réserves de pétrole de la planète, le groupe des BRICS confirme son statut de chef de file du « Sud global[1] » et bouleverse les équilibres mondiaux en défaveur de l’Occident.

L’annonce d’un élargissement contredit nombre d’analyses formulées ces derniers mois par les experts du monde entier et les obstacles paraissaient encore nombreux dans les jours précédant le sommet. Alors que le processus de décision au sein des BRICS requiert l’unanimité, les membres du groupe ne s’étaient encore jamais accordés sur les modalités d’élargissement et la procédure de candidature. On aurait donc pu s’attendre à ce que le sommet de Johannesburg consacre plutôt un ensemble de critères sur lesquels se seraient basées les futures négociations concernant l’élargissement du groupe.
Un des principaux points d’achoppement semblait venir de la divergence dans le rapport à l’Occident. Alors que la Russie et la Chine se distinguent comme étant les plus fervents partisans d’un élargissement qui s’inscrit dans le contexte de leur rivalité avec les États-Unis, les autres membres semblaient vouloir éviter d’être associés à ce qui peut être perçu comme la consolidation d’un bloc anti-occidental. Dans un entretien diffusé à la veille du sommet, le président sud-africain Cyril Ramaphosa tenait à rappeler que son pays « ne se laisserait pas entrainer dans la compétition entre grandes puissances ». Dans la perspective de l’entrée d