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Quelle est la qualité des emplois verts en France ?

économiste, économiste

Les premiers emplois verts apparaissent en moyenne moins stables et moins bien rémunérés mais disposant d’une organisation du temps de travail relativement plus favorable que les autres emplois. Cela veut-il dire que la transition écologique va dégrader la qualité des emplois ?

Répondre au défi environnemental implique des restructurations de l’économie qui ne laisseront pas inchangé le marché du travail, en premier lieu car celui-ci doit accompagner la nécessaire écologisation de l’appareil productif. Ainsi, la question du lien entre emploi et transition écologique amène souvent à des estimations du volume d’emploi qui sera créé ou détruit selon différents scénarii.

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Bien qu’utiles, ces exercices laissent de côté un autre aspect qui n’en est pas moins décisif : celui des caractéristiques de ces emplois. Cette dimension revêt pourtant une importance toute particulière, que ce soit dans une perspective purement « adéquationniste » qui insiste sur la nécessité d’avoir à disposition une main-d’œuvre ayant les bonnes compétences et qualifications pour occuper les emplois qui assureront le verdissement de la production ; ou dans une perspective plus « stratégique » qui, à l’image du récent rapport Pisani-Ferry/Mahfouz, voit dans l’attractivité de ces métiers un facilitateur (politique) à la transition écologique. En outre, pour que la transition écologique soit également sociale, la question de la qualité de l’emploi doit être appréhendée pour elle-même.

Particulièrement rediscutée depuis la crise Covid et, plus récemment encore, mobilisée pour éclairer les difficultés de recrutement de certains secteurs, la question de la qualité de l’emploi doit donc être pensée en relation étroite avec la transition écologique.

Or, malgré l’existence d’un Observatoire national des emplois et métiers de l’économie verte (Onemev), on en sait finalement assez peu sur les caractéristiques des « emplois verts » en France. On dispose pourtant de plusieurs méthodes pour les identifier, mais les travaux existants n’exploitent que trop peu la richesse des données françaises. Le profil socio-démographique et le niveau de qualification des individus occupant ces emplois est plutôt bien cerné, mais les informations plus directement liées à la qualité de ces emp


[1] De nombreux travaux existent sur la définition du périmètre des emplois verts, qui dépasse la question traitée ici. Voir notamment l’approche développée aux Etats-Unis par le Bureau of Labor Statistics sur la base de la classification O*NET, qui n’a pas encore fait l’objet d’une adaptation sur données françaises.

[2] Présentation rapide de la qualité de l’emploi et de son état en France.

[3] Ces tendances sont confirmées par des régressions contrôlées, qui vérifient que ces constats se vérifient aussi à caractéristiques égales. Dit autrement, à sexe, niveau de diplôme, catégorie socio-professionnelle, ancienneté et secteur d’activité équivalents, on estime que les emplois verts sont en moyenne moins bien rémunérés que les autres emplois et qu’ils sont plus souvent associés à des contrats à durée déterminée. La probabilité accrue d’être en temps partiel s’avère cependant peu significative une fois ces contrôles effectués.

[4] On retient ici le fait d’avoir suivi une formation en situation de travail ou une formation non formelle à but professionnel au cours des 12 derniers mois.

[5] Nous menons une analyse des correspondances multiples (ACM) suivie d’une classification ascendante hiérarchique (CAH).

Mathilde Guergoat-Larivière

économiste, professeure en sciences économiques, Université de Lille, Clersé et Cnam-CEET

Mathis Bachelot

économiste, doctorant en sciences économiques, Université de Lille, Clersé et Cnam-CEET

Notes

[1] De nombreux travaux existent sur la définition du périmètre des emplois verts, qui dépasse la question traitée ici. Voir notamment l’approche développée aux Etats-Unis par le Bureau of Labor Statistics sur la base de la classification O*NET, qui n’a pas encore fait l’objet d’une adaptation sur données françaises.

[2] Présentation rapide de la qualité de l’emploi et de son état en France.

[3] Ces tendances sont confirmées par des régressions contrôlées, qui vérifient que ces constats se vérifient aussi à caractéristiques égales. Dit autrement, à sexe, niveau de diplôme, catégorie socio-professionnelle, ancienneté et secteur d’activité équivalents, on estime que les emplois verts sont en moyenne moins bien rémunérés que les autres emplois et qu’ils sont plus souvent associés à des contrats à durée déterminée. La probabilité accrue d’être en temps partiel s’avère cependant peu significative une fois ces contrôles effectués.

[4] On retient ici le fait d’avoir suivi une formation en situation de travail ou une formation non formelle à but professionnel au cours des 12 derniers mois.

[5] Nous menons une analyse des correspondances multiples (ACM) suivie d’une classification ascendante hiérarchique (CAH).