« Traité pandémie » : la sidération puis l’oubli ?
La pandémie a été un choc planétaire, une sidération. Pendant un temps, nos vies ont été suspendues. Le « plus jamais ça ! » s’imposait unanimement. Marqués par la tragédie d’innombrables morts et par les injustices, l’iniquité et le manque de solidarité internationale, de nombreux États ont appelé de leurs vœux l’élaboration d’un accord international destiné à ne pas reproduire les mêmes erreurs lorsqu’une nouvelle pandémie frappera.

L’espoir d’un progrès était alors tangible. Alors que l’on arrive au terme de deux années de négociation sur un « traité pandémique » à Genève, dans le cadre de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), l’espoir a été remplacé par la froideur du réalisme politique, les ambitions de progrès par le cynisme du chacun pour soi, et l’effet vertueux de l’apprentissage par le pragmatisme.
L’oubli va-t-il supplanter la sidération que nous avons tous vécue ? Cette négociation nous rappelle qu’en dépit de l’ampleur de la tragédie, il est possible de perdre de vue le fait que la santé est un bien commun. Alors que les négociations se sont terminées le 28 mars et qu’une session complémentaire se tiendra en avril, il reste à voir si nous parviendrons à tirer les leçons des erreurs passées et à mettre sur pied une gouvernance mondiale de santé plus efficace, inclusive, solidaire et, surtout, équitable.
Les constats tragiques de la pandémie
Au-delà du nombre vertigineux de décès liés au virus du Covid-19 (estimé à 6,8 millions), la pandémie a nourri d’autres constats problématiques concernant le fonctionnement du système international de santé et de la coopération internationale dans son ensemble. Cette pandémie a constitué un puissant révélateur de l’ampleur des inégalités à l’échelle mondiale. Alors qu’en décembre 2023, l’Union européenne détruisait pour 4 milliards d’euros de vaccins périmés – soit environ 215 millions de doses – de nombreux pays n’avaient pas eu accès à ces vaccins pendant la crise.
Le nombre de morts a été extrêmement