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Comment expliquer le match retour entre Biden et Trump ?

Politiste, Politiste

À sept mois de l’élection présidentielle, Donald Trump devrait faire de son procès criminel (qui vient de s’ouvrir), une tribune contre son adversaire démocrate et contre la « politisation » de la justice. Donald Trump vs Joe Biden, l’élection du 5 novembre prochain a un air de déjà-vu… Pourquoi une telle absence de renouvellement au sein des partis républicain et démocrate ?

Comme les électeurs français en 2022, les électeurs américains de 2024 vont devoir se prononcer pour la seconde fois sur un affrontement entre deux mêmes candidats. Privilège peu enviable qui génère sans nul doute une puissante lassitude dans l’opinion.

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Tous les sondages indiquent depuis des mois que les Américains ne souhaitent pas de nouveau match entre Donald Trump et Joe Biden. Les analystes ont même identifié une nouvelle catégorie, celle des « double-haters », autrement dit des électeurs qui refusent à la fois Biden et Trump, et qui ce faisant deviennent l’électorat-clé, celui qui pourrait faire basculer l’élection.

C’est une répétition assez rare dans l’histoire américaine. Le seul précédent récent remonte à 1956, lorsqu’Eisenhower battit le démocrate Adlai Stevenson pour la seconde fois, dans un contexte partisan radicalement différent de l’actuel. Il est encore plus rare qu’un président battu revienne ainsi sur le devant de la scène. En règle générale, un président défait à l’issu de son premier mandat prend, de manière plus ou moins forcée, du recul et finit par devenir une vague autorité morale, à l’image de Bush Sr. ou de Jimmy Carter. Le retour de Trump est d’autant plus surprenant que c’est un candidat qui présente un nombre certain de risques : multipliant les « dérapages », il est le seul président à avoir fait l’objet de deux mises en accusation (impeachment) ; il a été battu en 2020 de 7 millions de voix (avec une participation de 66,6%) ; son implication dans les midterms de 2022 a eu un résultat mitigé ; il est, fait unique dans les annales de la République, l’objet de multiples procès au pénal comme au civil, dont un pour avoir incité les émeutiers du Capitole en janvier 2021, et enfin, à 77 ans, il a l’âge de Ronald Reagan quand celui-ci, pourtant attaqué sur son âge lors du scrutin de 1984, a quitté la présidence en 1989.

Côté démocrate, l’inquiétude est aussi de mise. Biden s’était en effet présenté comme un candidat de transition e


[1] Ce constat s’impose aussi bien pour les présidentielles que pour les autres élections, fédérales, fédérées et locales.

[2] La science politique américaine euphémisme volontiers ce phénomène en parlant de « negative partisanship ».

[3] Y compris chez les électeurs « Indépendants » d’ailleurs. Les analyses électorales ont montré que plus de 80% de ces indépendants penchent en fait vers l’un ou l’autre des deux grands partis. Seuls 20% d’entre eux seraient d’authentiques centristes.

[4] Bien sûr il est toujours possible qu’une petite fraction de modérés républicains votent pour Biden ou s’abstiennent. Cela peut avoir un rôle décisif dans les élections les plus serrées. Mais il ne s’agira pas d’un phénomène d’ampleur.

Raymond La Raja

Politiste, Professeur de science politique à l'Université du Massachusetts

François Vergniolle de Chantal

Politiste, Professeur en Études Américaines à l\'Université Paris Cité

Notes

[1] Ce constat s’impose aussi bien pour les présidentielles que pour les autres élections, fédérales, fédérées et locales.

[2] La science politique américaine euphémisme volontiers ce phénomène en parlant de « negative partisanship ».

[3] Y compris chez les électeurs « Indépendants » d’ailleurs. Les analyses électorales ont montré que plus de 80% de ces indépendants penchent en fait vers l’un ou l’autre des deux grands partis. Seuls 20% d’entre eux seraient d’authentiques centristes.

[4] Bien sûr il est toujours possible qu’une petite fraction de modérés républicains votent pour Biden ou s’abstiennent. Cela peut avoir un rôle décisif dans les élections les plus serrées. Mais il ne s’agira pas d’un phénomène d’ampleur.