Politique

Législatives : les quartiers populaires pour sauver la France ?

Enseignant, Militant de l'écologie populaire

Même bien intentionnés, les appels inquisiteurs et condescendants aux quartiers entendus ces derniers jours reflètent une sous-évaluation du potentiel politique de ces territoires – et une difficulté de la gauche à reconnaître la culture politique qui s’y déploie, autrement qu’un capital électoral. Les quartiers sont déjà mobilisés et sans leur mise en mouvement, la situation serait encore plus dramatique.

Dans deux semaines, les élections législatives vont décider du chemin du pays, et il est bien difficile de prévoir l’état du champ politique qui s’offrira à nous, au soir des résultats.

La décision d’Emmanuel Macron de dissoudre l’Assemblée Nationale a accéléré l’histoire mais on ne peut pas dire que c’est elle qui change profondément la donne. La contamination des espaces politique et médiatique par l’extrême-droite, de plus en plus étouffante et face à laquelle la gauche institutionnelle semblait bien impuissante, annonçait ce précipice face auquel nous sommes. Ce moment avant « l’inconnu », nous étions nombreux à avoir le sentiment d’y être déjà.

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Ce moment électoral est un immense risque qu’Emmanuel Macron a choisi de faire encourir à notre pays. Mais ce n’est pas tout. Il n’est pas passif dans la situation et l’argument de « la clarification » ne tient pas : cette décision joue « pour » l’extrême-droite, elle intervient au moment le plus favorable pour le Rassemblement National, et le discours qui s’y adosse continue d’être un discours de démolition de la gauche.

Les Républicains ont certes donné à voir un spectacle comique, mais les déambulations solitaires d’Eric Ciotti dans son bureau, et les manches retroussées de Valérie Pécresse ne doivent pas faire oublier l’extrémisation déjà engagée du Parti, tout à fait prêt à composer avec le camp présidentiel un arc « anti-gauche » qui se dessine. Le député européen reconduit François-Xavier Bellamy a d’ores et déjà dit qu’il voterait « bien sûr » pour le RN en cas de duel face à la gauche.

Ce sont les circonstances objectives qui orientent aujourd’hui les attentes populaires vers l’hémisphère gauche. C’est une occasion à saisir. Cela peut aussi être une occasion « manquée », si la campagne ne s’ouvre pas largement aux ressources innombrables de la société française pour inverser la dynamique.

Partant de là, il faut donc penser « la résistance » à l’extrême-droite en continuité avec la résistance contre ce


[1] Nous reprenons ici une expression initiée par le sociologue Sami Zegnani.

Ulysse Rabaté

Enseignant, Président de l'association Quidam pour l'enseignement populaire, Ex-Conseiller municipal de Corbeil-Essonnes

Abdel Yassine

Militant de l'écologie populaire

Notes

[1] Nous reprenons ici une expression initiée par le sociologue Sami Zegnani.