Politique

Finance, énergies fossiles, tech : ce patronat qui soutient l’extrême droite par intérêt

Sociologue

L’extrême droite s’appuie sur des lignes de fracture au sein du capitalisme français. Elle s’assure le soutien de secteurs délaissés par le régime actuel, mais à l’influence croissante. C’est dans cette dynamique de compétition entre bourgeoisies que la montée de l’extrême droite s’inscrit.

La montée du Rassemblement national, l’émergence du mouvement d’Éric Zemmour, les grandes manœuvres dans la presse et les médias ont été l’occasion de constater la mobilisation croissante de certaines fractions du patronat au service de l’extrême droite. L’assise historique de l’extrême droite dans le petit patronat et le BTP est bien documentée : on pense aux liens de Jean-Marie Le Pen avec le cimentier Lambert ou encore à la force du parti chez les indépendants.

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Pourtant, des enquêtes journalistes récentes laissent apparaître des secteurs que l’on n’associe pas intuitivement avec l’extrême droite. On a ainsi appris que Pierre-Edouard Stérin, fondateur du fonds d’investissement Otium Capital, avait pris sous son aile la famille Le Pen. Ou encore que Charles Beigbeder, ancien dirigeant du lobby des start-ups CroissancePlus, aujourd’hui reconverti dans les fonds de capital-risque, avait soutenu Marion Maréchal et la campagne de 2022 d’Éric Zemmour.

Les analyses journalistiques ont pour l’instant veillé à ne pas généraliser ces choix politiques – liant le soutien de ces patrons à leurs opinions individuelles. Pourtant, à mesure que la presse égrène ces faits, il est frappant de constater que ces soutiens patronaux viennent de manière écrasante d’un petit nombre de secteurs et qu’elles ne sont pas motivées seulement par des lubies personnelles, mais par un intérêt économique bien compris.

L’extrême droite est soutenue par des fractions du secteur financier, de l’énergie et de la tech

Parmi les soutiens patronaux de l’extrême droite, le secteur financier figure assurément en première position. Et pas n’importe quel secteur financier : celui de la finance dite « alternative », autrement dit des fonds d’investissement, par opposition à la finance traditionnelle des grandes banques et des marchés boursiers.

Il s’agit par exemple du fonds de capital-investissement de Pierre-Edouard Sterin et François Durvye, Otium Capital. Si le fonds était à l’origine chargé d’in


Théo Bourgeron

Sociologue, Chercheur postdoctoral à University College Dublin, chercheur associé au laboratoire sauvage Désorceler la finance