International

Présidentielle américaine  : l’immigration comme enjeu clé

Politiste et américaniste

À la veille de la présidentielle, les questions d’immigration et de sécurité s’annoncent comme des facteurs déterminants du scrutin, en particulier dans le swing state de l’Arizona. Donald Trump promet de fermer la frontière avec le Mexique, tandis que Kamala Harris, dans le sillage de Biden, défend des mesures de sécurisation des frontières. La tendance générale est bien à la fermeté, dans l’espoir de séduire un électorat conservateur.

Malgré la baisse importante des arrestations de migrants à la frontière États-Unis/Mexique en 2024, les questions de migrations et de frontières ont été présenté comme autant d’enjeux primordiaux pendant dans la campagne.

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Selon un sondage Gallup de juin 2024, 77 % des Étatsuniens pensent que la frontière avec le Mexique est un problème majeur et représente une crise. 55 % souhaitent que l’immigration diminue, un pourcentage en nette augmentation par rapport aux années précédentes (41 % en 2023, 38 % en 2022 et 31 % en 2021). Si en 2022, 70 % des électeurs considéraient que l’immigration était une bonne chose pour les États-Unis, ce chiffre a baissé à 64 % en 2024. Autre chiffre signifiant, 53 % des électeurs sont en faveur de l’expansion des barrières le long de la frontière États-Unis/Mexique.

Tout comme lors des campagnes présidentielles de 2016 et de 2020, le candidat républicain a employé les discours devenus de plus en plus courants sur une soi-disant « invasion » de migrants et un « chaos » à la frontière États-Unis/Mexique qui aurait mené à une « insécurité » sur le territoire états-unien, engendrant un sentiment de peur au sein de ses soutiens.

Afin d’apporter des solutions à la situation à la frontière, il a ainsi dévoilé en octobre, lors d’un rassemblement de campagne à Aurora dans le Colorado, son plan d’une opération de reconduites à la frontière qui serait le plus grand de l’histoire des États-Unis s’il était élu, répétant qu’il fera fermer la frontière avec le Mexique. Lors d’un autre rassemblement dans le Wisconsin, il avait mis en garde les électeurs contre les migrants qui leur « couperaient la gorge ».

Ce type d’informations mensongères fait suite au débat présidentiel de septembre 2024, lors duquel il avait affirmé que les migrants Haïtiens mangeaient des chiens et des chats. Ces attaques nativistes contre les migrants reflètent et contribuent à nourrir dans le même temps les inquiétudes de l’électorat républicain : entre 2019 et 2024, l


[1] Le 24 octobre 2024, les électeurs d’Arizona préféraient Donald Trump à 48,6 % contre 46,7 % qui préféraient Kamala Harris. Ryan Best Wiederkehr Aaron Bycoffe, Ritchie King, Dhrumil Mehta and Anna, « Arizona: President: General Election: 2024 Polls », FiveThirtyEight, octobre 2024.

[2] Une proposition similaire (SB 1070) avait été adoptée en 2010 en Arizona et avait conduit au boycott de plusieurs enseignes dans l’État, ce qui avait coûté plus de 100 million de dollars de pertes de revenues en quatre mois. Ximena Bustillo, « Arizona Voters Will Soon Decide If Illegal Border Crossings Should Be a State Crime », NPR, 21 octobre 2024, sect. Politics.

Cléa Fortuné

Politiste et américaniste, Maîtresse de conférences en civilisation des États-Unis à l'Université Sorbonne Nouvelle

Notes

[1] Le 24 octobre 2024, les électeurs d’Arizona préféraient Donald Trump à 48,6 % contre 46,7 % qui préféraient Kamala Harris. Ryan Best Wiederkehr Aaron Bycoffe, Ritchie King, Dhrumil Mehta and Anna, « Arizona: President: General Election: 2024 Polls », FiveThirtyEight, octobre 2024.

[2] Une proposition similaire (SB 1070) avait été adoptée en 2010 en Arizona et avait conduit au boycott de plusieurs enseignes dans l’État, ce qui avait coûté plus de 100 million de dollars de pertes de revenues en quatre mois. Ximena Bustillo, « Arizona Voters Will Soon Decide If Illegal Border Crossings Should Be a State Crime », NPR, 21 octobre 2024, sect. Politics.