Modi, dix ans après : plus ça change…
En 2024, Narendra Modi a fêté le dixième anniversaire de son arrivée à la tête du gouvernement de l’Inde. Les élections générales y ayant lieu tous les cinq ans, l’année a aussi été marquée par un scrutin qu’on croyait joué d’avance. À la surprise générale – en tout cas d’un grand nombre d’observateurs dont je n’étais pas –, le Parti indien du peuple (Bharatiya Janata Party, BJP), la formation du Premier ministre sortant, n’a pas remporté la majorité des sièges, contrairement à ce qu’il s’était produit en 2014 et 2019.

Ce revers s’explique à la fois par la détérioration de la situation économique (à l’origine d’un chômage record depuis les années 1970 – c’est-à-dire que l’on dispose de statistiques sur le sujet) et par l’effet mécanique de l’union de l’opposition, qui venait de se trouver un leader en la personne de Rahul Gandhi. C’est lui, en effet, qui a présidé à la formation d’une coalition de presque trente partis après avoir acquis une nouvelle stature politique grâce à une longue marche de quatre mille cinq cents kilomètres, qui l’a conduit du sud au nord de l’Inde, à la rencontre des masses indiennes.
Ces résultats électoraux marqueront-ils un tournant dans la vie politique indienne ? C’est à cette question que sont consacrées les lignes qui suivent.
Continuité politique, continuité sociétale
La perte de sa majorité à la chambre basse du Parlement n’a en rien affecté la conduite des affaires politique par Narendra Modi pour deux raisons. Premièrement, deux partis régionaux, le Janata Dal (United), dont le chef, Nitish Kumar, gouverne l’État du Bihar, et le Telugu Desam Party, dont le leader est à la tête de l’Andhra Pradesh, ont apporté au BJP l’appoint en voix qui lui faisait défaut au lendemain du scrutin. En outre, le parti de Modi a conservé le pouvoir dans deux États importants lors des élections régionales d’automne dernier, le Maharashtra et l’Haryana. Si le Parlement est un peu plus animé, pour le moment le gouvernement continue à le traite