La perte des cimes : aménagement des Alpes et enjeux des JO 2030
Les médias en font désormais état presque tous les jours : les Alpes sont confrontées à un malaise profond[1]. De la fonte des glaciers et de l’érosion des sommets aux perspectives de plus en plus erratiques d’enneigement et à l’affaiblissement des ressources en eau, les conséquences physiques du réchauffement climatique sur ce territoire se font sentir plus fortement chaque année.

Si un certain nombre de responsables de stations et d’acteurs de l’industrie du ski continuent de parler d’ « une crise passagère », le constat est implacable : tandis que la température moyenne à la surface de la planète a augmenté de 1,15 °C depuis 1850, cette augmentation atteint quasiment 2 °C dans les Alpes. Les conséquences directes de ce réchauffement deux fois plus important qu’ailleurs ne menacent pas seulement la pratique du ski et l’existence des stations ; elles menacent également l’habitabilité même des Alpes telles que nous les connaissons aujourd’hui.
Face à cette mutation du climat, l’aménagement des Alpes est traversé de multiples contradictions : tandis qu’un nombre grandissant de stations se voient contraintes de fermer, d’autres poursuivent leurs investissements, fières d’inaugurer de nouvelles lignes de remontées mécaniques capables de transporter toujours plus de personnes, toujours plus haut et toujours plus vite ; et tandis que certains insistent sur l’urgence à agir et sur la nécessité de développer de nouvelles manières d’habiter la montagne[2], la plupart des plans d’investissements publics continuent de se concentrer sur l’industrie du ski.[3]
Dans ce contexte, on comprend que la récente annonce de l’attribution de l’organisation des Jeux Olympiques d’hiver de 2030 aux Alpes françaises puisse susciter une importante controverse. Les promoteurs de ces JO n’hésitent pas à parler de fabuleux moteur de transition. Mais à l’image de Laurent Wauquiez, qui affirmait à l’issue du vote favorable du CIO[4] que ces JO seraient un « formidable accélérateur pour f