Écologie

La perte des cimes : aménagement des Alpes et enjeux des JO 2030

Théoricien de l’architecture

La nomination d’Edgar Grospiron à la tête du comité d’organisation des Jeux Olympiques d’hiver 2030 dans les Alpes françaises ravive la controverse sur leur tenue. Alors que la région subit de plein fouet les effets du réchauffement climatique, les stations non contraintes de fermer poursuivent leurs investissements, dans un modèle sous perfusion. Présentés comme un moteur de transition vers une montagne durable, ces JO pourraient bien prolonger un système à bout de souffle.

Les médias en font désormais état presque tous les jours : les Alpes sont confrontées à un malaise profond[1]. De la fonte des glaciers et de l’érosion des sommets aux perspectives de plus en plus erratiques d’enneigement et à l’affaiblissement des ressources en eau, les conséquences physiques du réchauffement climatique sur ce territoire se font sentir plus fortement chaque année.

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Si un certain nombre de responsables de stations et d’acteurs de l’industrie du ski continuent de parler d’ « une crise passagère », le constat est implacable : tandis que la température moyenne à la surface de la planète a augmenté de 1,15 °C depuis 1850, cette augmentation atteint quasiment 2 °C dans les Alpes. Les conséquences directes de ce réchauffement deux fois plus important qu’ailleurs ne menacent pas seulement la pratique du ski et l’existence des stations ; elles menacent également l’habitabilité même des Alpes telles que nous les connaissons aujourd’hui.

Face à cette mutation du climat, l’aménagement des Alpes est traversé de multiples contradictions : tandis qu’un nombre grandissant de stations se voient contraintes de fermer, d’autres poursuivent leurs investissements, fières d’inaugurer de nouvelles lignes de remontées mécaniques capables de transporter toujours plus de personnes, toujours plus haut et toujours plus vite ; et tandis que certains insistent sur l’urgence à agir et sur la nécessité de développer de nouvelles manières d’habiter la montagne[2], la plupart des plans d’investissements publics continuent de se concentrer sur l’industrie du ski.[3]

Dans ce contexte, on comprend que la récente annonce de l’attribution de l’organisation des Jeux Olympiques d’hiver de 2030 aux Alpes françaises puisse susciter une importante controverse. Les promoteurs de ces JO n’hésitent pas à parler de fabuleux moteur de transition. Mais à l’image de Laurent Wauquiez, qui affirmait à l’issue du vote favorable du CIO[4] que ces JO seraient un « formidable accélérateur pour f


[1] C’est du moins le cas de la presse française et suisse. La presse britannique, elle, continue de réserver la montagne à ses pages voyages et évasion.

[2] Comme le promeut par exemple depuis 1988 l’association Mountain Wilderness France.

[3] S’ils sont le fait de grandes sociétés privées, la plupart des plus lourds investissements concernant les installations de remontées mécaniques font le plus souvent l’objet d’importantes subventions, que ce soit au niveau municipal, départemental, régional ou étatique. Il en va de même pour la production de neige de culture, sur laquelle se sont notamment concentrés les différents plans neige et montagne mis en place par la région Auvergne-Rhône-Alpes sous la présidence de Laurent Wauquiez depuis 2016. Voir notamment cet article.

[4] Notons que la candidature française était la seule encore en course, la Suède et la Suisse ayant préféré se retirer compte tenu des contestations et des retenues exprimées par leur population.

[5] L’une des images les plus marquantes étant le plan aérien ayant ouvert la retransmission télévisée de ces épreuves à l’époque.

[6] La sécurisation d’un domaine skiable suppose en fait l’aménagement d’un territoire bien plus vaste, puisque tout risque d’avalanche, d’éboulement, ou de perturbation qui pourrait affecter le domaine lui-même doit être maîtrisé en amont.

[7] Cette loi, promulguée en 1985, constitue le cadre juridique principal dans lequel l’aménagement de la montagne et la préservation de son cadre naturel est encore aujourd’hui considéré.

[8] Le Plan neige est de ce point de vue le nom d’une stratégie globale, impliquant également un vaste programme de séjours scolaires en montagne (les fameuses classes de neige), ainsi que des systèmes d’organisation en régie ou en délégation de service public et un ensemble de subventions d’État dont dépendent encore largement le fonctionnement de la plupart des stations françaises.Voir notamment cet article et celui-ci.

[9] Elle deviendra en 1970 le servi

Jeremy Lecomte

Théoricien de l’architecture, Maître de Conférences en Sciences Humaines et Sociales à l’École Nationale Supérieure d’Architecture Versailles (ÉNSA Versailles)

Mots-clés

Climat

Notes

[1] C’est du moins le cas de la presse française et suisse. La presse britannique, elle, continue de réserver la montagne à ses pages voyages et évasion.

[2] Comme le promeut par exemple depuis 1988 l’association Mountain Wilderness France.

[3] S’ils sont le fait de grandes sociétés privées, la plupart des plus lourds investissements concernant les installations de remontées mécaniques font le plus souvent l’objet d’importantes subventions, que ce soit au niveau municipal, départemental, régional ou étatique. Il en va de même pour la production de neige de culture, sur laquelle se sont notamment concentrés les différents plans neige et montagne mis en place par la région Auvergne-Rhône-Alpes sous la présidence de Laurent Wauquiez depuis 2016. Voir notamment cet article.

[4] Notons que la candidature française était la seule encore en course, la Suède et la Suisse ayant préféré se retirer compte tenu des contestations et des retenues exprimées par leur population.

[5] L’une des images les plus marquantes étant le plan aérien ayant ouvert la retransmission télévisée de ces épreuves à l’époque.

[6] La sécurisation d’un domaine skiable suppose en fait l’aménagement d’un territoire bien plus vaste, puisque tout risque d’avalanche, d’éboulement, ou de perturbation qui pourrait affecter le domaine lui-même doit être maîtrisé en amont.

[7] Cette loi, promulguée en 1985, constitue le cadre juridique principal dans lequel l’aménagement de la montagne et la préservation de son cadre naturel est encore aujourd’hui considéré.

[8] Le Plan neige est de ce point de vue le nom d’une stratégie globale, impliquant également un vaste programme de séjours scolaires en montagne (les fameuses classes de neige), ainsi que des systèmes d’organisation en régie ou en délégation de service public et un ensemble de subventions d’État dont dépendent encore largement le fonctionnement de la plupart des stations françaises.Voir notamment cet article et celui-ci.

[9] Elle deviendra en 1970 le servi