Le très incertain marché de l’art contemporain
Quel que soit le secteur d’activité, il apparaît difficile d’évoquer le thème du marché sans, presque aussitôt, susciter l’attente de données chiffrées. Pourtant, dans le cas du marché de l’art, il convient de faire preuve de la plus grande prudence en la matière.

Sur le marché de l’art contemporain (secteur qui, pour les historiens d’art, désigne généralement les œuvres postérieures à 1945, et, pour les professionnels des musées et centres d’art, celles créées à partir de 1970), il est d’usage de distinguer deux segments différents.
Ce que l’on dénomme premier marché désigne les premières transactions, celles qui concernent les œuvres à la sortie de l’atelier de l’artiste. Elles ont largement lieu en galeries. En effet, les ventes aux enchères ne sont généralement pas recherchées pour fixer les prix des œuvres au moment où elles sont introduites sur le marché. Via ce canal, le niveau des prix est, en effet, incontrôlé. De façon a priori paradoxale, des prix trop élevés sont aussi redoutés que des prix trop bas. Ces derniers auraient pour effet de discréditer les prix plus élevés demandés par les galeries qui représentent les artistes. Pour leur part, des niveaux de prix trop forts seraient dommageables en ce qu’ils risqueraient d’être ensuite suivis de baisses.
Or, dans la mesure où, sur le marché de l’art, le prix est largement tenu pour être un indicateur de la valeur, le recul des prix est considéré comme l’envoi d’un signal négatif. Les acteurs les plus impliqués dans la construction de la valeur de l’art d’un·e artiste, qu’il s’agisse de l’artiste lui-même ou elle-même, de collectionneur·ses très impliqué·e·s dans son marché ou, davantage encore de son/sa ou ses galeristes, toutes et tous ont intérêt à faire augmenter progressivement la cote.
Pour sa part, le second marché désigne l’ensemble des opérations et des espaces qui concernent les œuvres ayant déjà fait l’objet d’une ou plusieurs transactions préalables. Le lieu emblématique de ces transacti