Mal d’archives à la Maison Blanche
Depuis son investiture, Donald Trump a déjà eu maintes occasions de témoigner son mépris pour les documents, procédures et institutions d’archives. Des milliers de pages web de sites gouvernementaux ont été expurgées ou supprimées, des archives mises hors ligne.

Les personnels de l’agence de développement de l’USAID, dont le financement a été quasi complètement gelé, ont reçu l’ordre de détruire des documents classifiés, bafouant les règles d’archivage existantes. Conformément à une de ses promesses électorales, Donald Trump a également fait déclassifier précipitamment l’ensemble des archives liées de près ou de loin aux enquêtes sur l’assassinat de John Fitzgerald Kennedy, sans égards pour les données personnelles sensibles de personnes ayant travaillé pour l’administration américaine. En parallèle, le président licenciait en février, sans respect pour la procédure légale, Colleen Shogan, première femme à être nommée et confirmée par le Sénat au poste d’Archiviste des États-Unis, deux ans auparavant.
Comment expliquer que le nouveau président des États-Unis, pourtant réputé préférer les briefings oraux à la lecture des rapports qui lui sont adressés, s’intéresse autant aux archives ? Le philosophe Jacques Derrida dans Mal d’archives (1995)[1] ou l’anthropologue haïtien Michel-Rolph Trouillot avec la notion de « pouvoir de l’archive »[2], ont souligné la centralité du contrôle des archives pour le pouvoir politique. On le voit bien dans le cas français : les demandes d’accès aux archives sur le rôle de la France dans le génocide au Rwanda, ou plus récemment sur le rôle de la France dans la répression politique au Cameroun après l’indépendance, les revendications d’accès ou de restitution des archives de la présence coloniale française en Algérie ou ailleurs, l’intérêt pour les archives est bien vivace. Les institutions d’archives nationales focalisent, de manière récurrente, une grande partie de cet intérêt.
Aux États-Unis, la National Archives and Record