Erdoğan est-il un Trump turc ?
La Turquie d’Erdogan avance à grand pas sur le chemin d’une autocratie élective en direction d’une dictature aux couleurs de la Turquie. Avec des prisons débordant de détenus politiques et de personnes que le pouvoir perçoit comme des obstacles à la réalisation de ses projets de création de rentes urbaines, d’exploitations minières et à la poursuite de ses relations clientélistes, l’autocratie erdoganiste n’est pas moins confrontée à une mobilisation sociale qui se renforce contre le « régime d’une seule personne », une expression devenue courante en Turquie.

Cette résistance l’oblige d’élargir en permanence le champ de la répression, de faire incarcérer le maire d’Istanbul et avec lui plus de cent responsables et élus de la mairie, afin d’éliminer la candidature potentielle de celui qu’il perçoit comme le rival le plus dangereux dans la future élection présidentielle. Non seulement le personnel de la mairie, mais aussi leurs proches et leurs avocats sont mis en détention par une justice pénale travaillant sous les ordres du Palais. Erdoğan a franchi le Rubicon de la légitimité acquise par des élections un tant soit peu compétitive.
Cette politique répressive est accueillie par des critiques bien timides ou un silence complice des dirigeants des pays européens, alors que la Turquie, membre du Conseil de l’Europe et de l’OTAN, persiste à refuser depuis des années d’appliquer les décisions de la Cour européenne des droits de l’homme, notamment pour la libération d’Osman Kavala et de Selahattin Demirtas. L’autocrate turc use et abuse de la position géostratégique du pays, de l’accord passé avec l’UE pour garder les migrants irréguliers en Turquie et de l’importance de l’armée turque, et cela afin d’être reconnu comme « incontournable » sur le plan international.
Le retour au pouvoir de Donald Trump élargit-il encore plus le champ des possibles devant l’exercice du pouvoir par Tayyip Erdoğan dont la popularité s’affaiblit sur le plan intérieur ? Dans le nouvea