Politique

LFI : l’autoritarisme partisan est-il efficace politiquement ?

Politiste

À défaut de relancer un véritable débat de fond sur la forme partisane, la publication de l’enquête journalistique La Meute a occupé les médias traditionnels à coups de polémiques. Certains chercheurs ont, de leur côté, saisi cette occasion pour analyser ce qui fait le succès et les limites de LFI. Qu’est-ce que cette séquence et ces analyses révèlent de l’état de la lutte partisane à gauche et surtout du contexte politico-médiatique qui les conditionnent ?

Le fonctionnement organisationnel de La France Insoumise est à nouveau au cœur de controverses médiatiques. Un peu caricaturales, elles ont néanmoins eu la vertu de susciter un débat intellectuel intéressant sur la forme partisane et « l’efficacité politique ». La gauche, pour gagner politiquement, est-elle condamnée à l’autoritarisme partisan ? Le « gazeux » autocratique des Insoumis est-il un mal nécessaire dans le contexte d’un système politique à la fois hyper-présidentialisé-médiatisé et dominé par les réseaux sociaux ? Est-il la moins mauvaise des options organisationnelles alors que la forme partisane traditionnelle paraît durablement démonétisée et l’appétence pour ce type d’engagement dévaluée ?

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Le procès de l’autoritarisme insoumis

Depuis 2017 le fonctionnement peu démocratique de La France Insoumise est objet de controverses à la fois internes et médiatiques. Le « gazeux non démocratique » est devenu un stigmate, constitutif de l’image sociale des insoumis. Plusieurs ouvrages de journalistes ont déjà été publiés sur la question (Mélanie Delattre, Clément Fayol, Mélenchon aux portes du pouvoir. Immersion dans le système France Insoumise, First Editions, 2018 ; Hadrien Mathoux, Mélenchon : la chute. Comment La France Insoumise s’est effondrée, Editions du Rocher, 2020…). De nombreuses enquêtes ont documenté un parti où les sympathisants (l’adhésion est libre et gratuite) ne votent pas pour la direction (au double sens de dirigeants et d’orientations) et dont les prétentions mouvementistes (l’informalité, l’horizontalité, la souplesse) cachent la captation du pouvoir par un leader omnipotent et son clan d’affidés.

Ces mises en accusation ont été nourries par les départs ou bannissements, par vagues, de dirigeants depuis 2019 (Charlotte Girard, Thomas Guénolé, Liêm Hoang-Ngoc, Manon Le Bretton, François Cocq, plus récemment Alexis Corbière, François Ruffin, Clémentine Autain, Raquel Garrido, Danielle Simonnet). La critique médiatique de l’organisati


[1] Cervera Marzal, M. (2021), Le populisme de gauche.Sociologie de la France insoumise, La Découverte.

[2] Kefford, G., Duncan M., (2018), “Inside the personal party: Leader-owners, light organizations and limited lifespans”, The British Journal of Politics and International Relations, vol 20, 2. Lefebvre, R., 2022 ; « Vers une dé-démocratisation partisane ? Une approche comparée de la France insoumise et de la République en Marche », Politiques et Sociétés, Volume 41, numéro 2.

[3] La société des socialistes, Editions du Croquant, 2008.

Rémi Lefebvre

Politiste, Professeur à l'Université de Lille 2

Notes

[1] Cervera Marzal, M. (2021), Le populisme de gauche.Sociologie de la France insoumise, La Découverte.

[2] Kefford, G., Duncan M., (2018), “Inside the personal party: Leader-owners, light organizations and limited lifespans”, The British Journal of Politics and International Relations, vol 20, 2. Lefebvre, R., 2022 ; « Vers une dé-démocratisation partisane ? Une approche comparée de la France insoumise et de la République en Marche », Politiques et Sociétés, Volume 41, numéro 2.

[3] La société des socialistes, Editions du Croquant, 2008.