Vies extraterrestres et habitabilités planétaires
Envoi de fusées et de satellites en orbite, situation des habitants de la Station Spatiale Internationale, alunissages plus ou moins réussis d’engins automatisés, récolte d’informations sur le sol martien par le programme Perseverance, projets d’installation durable sur la Lune ou sur Mars, images produites par le télescope James Webb, découvertes d’exoplanètes : il ne se passe guère une semaine sans que des nouvelles provenant de l’espace ne fassent la une des médias.

Ces prouesses scientifiques et technologiques sont en vérité profondément terrestres. Elles attestent de la capacité des humains à se projeter – ou à projeter leurs instruments de mesure – bien au-delà de la Terre. Ces entreprises mobilisent des savoirs, des compétences et des communautés très hétérogènes, selon que l’objectif soit de réaliser des observations ou de mettre en place des missions habitées.
Une chose est toutefois certaine, loin d’être un environnement « naturel », l’espace extra-atmosphérique est un domaine construit, appréhendé à travers des instruments, des institutions et des systèmes de savoir, où la meilleure connaissance de la vie extraterrestre modifie la manière d’appréhender la vie sur Terre. En s’interrogeant sur la possibilité de maintenir la vie terrestre dans des environnements artificiels hors de notre atmosphère ou sur l’habitabilité d’autres planètes, les humains transforment leur manière d’habiter la Terre. Même si la notion d’habitabilité revêt des sens différents dans ces contextes, ces projets spatiaux ont en commun de renouveler la manière de repenser leur place dans l’univers.
Deux grands types de programmes de recherche font de l’espace un territoire épistémique où la vie – qu’elle soit terrestre ou extra-terrestre, humaine ou non – ne cesse d’être redéfinie. D’un côté, les projets de vols habités et de construction de bases lunaires ou martiennes cherchent comment faire survivre la vie humaine dans l’espace. De l’autre, l’exobiologie étudie la possibili