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Les temporalités croisées de l’ouverture des baignades en Seine 

Sociologue

Ce samedi 5 juillet 2025, trois sites de baignades accessibles à toutes et tous ont ouvert dans la capitale (à Bercy, au Bras Marie et Grenelle). Il y a un an, déjà, les JO de Paris 2024 avaient réactivé le narratif de la possibilité d’une baignade grand public dans les eaux de la Seine – une pratique qui s’inscrit dans une histoire longue et qui mobilise aujourd’hui des temporalités multiples.

On se souvient de la promesse – non tenue – de Jacques Chirac qui annonçait en 1988 qu’il se baignerait dans la Seine avant la fin de son mandat de maire. Si ni Jean Tiberi, ni Bertrand Delanoë ne s’y sont baignés non plus, Anne Hidalgo s’est immergée au Bras Marie le 17 juillet 2024, quelques jours avant l’ouverture des Jeux Olympiques.

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Les épreuves de triathlon et de marathon aquatique ont pu se tenir dans le fleuve pour les olympiens, et un an après, le 5 juillet 2025, ouvrent trois sites de baignades dans la capitale accessibles à toutes et tous, à Bercy, au Bras Marie et Grenelle. La lecture temporelle de cet événement est le plus souvent réduite aux linéaments d’une action politique accélérée sous la contrainte d’un méga-événement planétaire, or elle ne s’y résume pas. En m’appuyant sur des propositions développées dans Sociologie des temporalités, je propose ici une analyse croisée des échelles temporelles en jeu.

L’héritage olympique de la Seine : penser le passé du futur

D’abord réticente à organiser les JOP à Paris, la maire s’y est résolue après les attentats de 2015 qui ont conduit son équipe à s’appuyer sur un événement fédérateur. La candidature a été déposée auprès du CIO en juin 2015. Le cadre temporel est strict, la ville candidate a alors deux ans pour présenter son projet dont une partie a trait à l’héritage olympique, qui est une forme temporelle singulière puisqu’elle consiste à prévoir aujourd’hui l’usage futur de sites sportifs dédiés aux JOP encore à l’état de projet. Il s’agit de penser à long terme, au-delà de l’événement, ce que sera le passé dans le futur, ou ce qu’il restera des Jeux Olympiques et Paralympiques pour les territoires d’accueil et les populations locales et d’éviter la construction d’« éléphants blancs », très vite abandonnés ensuite, comme la piscine olympique des jeux de Rio en 2016. Le dossier préparé par Paris était ainsi économe en nouvelles constructions et envisageait la transformation du village des athlèt


Benoît Hachet

Sociologue, Enseignant à l'EHESS

Rayonnages

Écologie Sport

Mots-clés

Climat