Les nouveaux curateurs de l’art : des VIP à l’IA
Le néologisme « curateur », francisation du mot anglais « curator », est de nos jours couramment utilisé pour désigner un organisateur d’exposition. Pour certains observateurs, il présente cet avantage de s’affranchir de la connotation policière du mot « commissaire » et d’induire, si l’on se réfère à l’étymologie latine (curare), l’idée d’un « soin apporté à ». Les curateurs et les curatrices sont pourtant moins des soigneurs ou des guérisseurs de l’art que des personnalités se positionnant comme les créateurs d’un projet où la part inventive (et souvent personnelle) est palpable depuis la sélection des œuvres jusqu’à leur agencement dans l’espace d’exposition.

En ce sens, leur pratique relève du curating, mot de code particulièrement en vogue, qui s’est imposé au début du nouveau millénaire dans le champ de l’art contemporain pour englober des pratiques et des formats d’exposition dits « hors norme », mais aussi des profils curatoriaux inhabituels, voire parfaitement inattendus.
Parmi les curateurs actuels se trouvent d’abord celles et ceux dont c’est le métier, depuis le collaborateur attaché à une institution au curateur-super-star, souvent free-lance, que le « milieu » s’arrache pour diriger des expositions internationales d’art contemporain. À côté de ces professionnels, dont les statuts sont variés mais qui contribuent néanmoins à faire du curating une sphère spécialisée, d’autres interviennent de façon plus occasionnelle, généralement à la suite d’une invitation assortie d’une carte blanche. C’est le cas, en particulier, des artistes auxquels musées et centres d’art font appel depuis au moins les années 1980 pour concevoir des expositions pensées, sinon comme des œuvres d’art, du moins comme des propositions personnelles et volontairement déroutantes. Récemment, par exemple, il a été demandé à l’artiste Maurizio Cattelan, figure incontournable de la scène artistique internationale, d’imaginer un parcours « spectaculaire » au Centre Pompidou-Metz e