Trump II : anatomie du démantèlement de l’État social
Après seulement quelques mois, tous les doutes concernant l’orientation de la seconde présidence de Donald Trump ont été dissipés. Le document de la Heritage Foundation, Mandate for Leadership : The Conservative Promise, qui constitue « Project 2025 » a produit un Trump beaucoup plus déterminé que lors de son premier mandat. Ce document a trouvé le moyen de convertir les éclats du président en une source d’énergie constante et d’organiser ses idées éparses en un récit cohérent. « Project 2025 », comme on désigne désormais ce rapport, contient un plan de reconstruction de fond en comble de l’État américain.
Pour y parvenir, cependant, il s’agit de surmonter dans un premier temps les obstacles générés par l’État existant et ses fonctionnaires. Un refrain – abolir l’État administratif – revient constamment, sans cesse chuchoté à l’oreille du président pour lui expliquer comment il peut utiliser le pouvoir exécutif afin de « licencier des bureaucrates fédéraux soi-disant “non licenciables” ; de fermer des agences et des bureaux gaspilleurs et corrompus ; de museler la propagande woke à tous les niveaux du gouvernement ; de restaurer l’autorité constitutionnelle du peuple américain sur l’État administratif ; et, par la même occasion, d’économiser d’innombrables dollars des contribuables ».

« Project 2025 » satisfait tous les fantasmes des membres du cabinet de Trump, une coterie d’investisseurs de fonds privés et de fondateurs d’entreprises qui entretiennent des liens privilégiés avec l’industrie des combustibles fossiles, le secteur de l’immobilier et la Silicon Valley. Le manuel montre comment le président pourrait ouvrir les terres fédérales aux prospecteurs de combustibles fossiles et faire activement obstacle à tout progrès en matière de lutte contre le changement climatique. Il montre comment la Réserve fédérale pourrait abandonner sa fonction de prêteur de dernier recours et permettre un retour au système bancaire libre, dans lequel l’or ou quelque autre