Quand les fonds immobiliers tirent profit de la crise des bureaux
Ces derniers mois, des pancartes « Bureaux à louer » se multiplient sur les façades des immeubles de bureaux des grandes métropoles françaises. En 2025, ce sont 9 millions de mètres carrés de bureaux qui sont inoccupés en France, dont les deux tiers en Île-de-France – un chiffre record, alors que le nombre de mal-logés atteint lui aussi des sommets : 4,2 millions de personnes. Face à ce déséquilibre manifeste, un consensus émerge ces derniers mois entre professionnels de l’immobilier et autorités publiques : transformer ces bureaux vides en logements.

La loi portée par le député du groupe Les Démocrates Romain Daubié, promulguée le 18 juin dernier, va dans ce sens, en facilitant ces transformations, et en pérennisant le « permis de construire réversible », qui permet de changer l’usage d’un immeuble (bureaux, logement, etc.) sans nécessité d’engager une nouvelle procédure de permis de construire. Pour autant, ces politiques a priori vertueuses viennent surtout soutenir l’ouverture d’un nouveau cycle d’accumulation du capital pour les fonds d’investissement immobiliers propriétaires de ces bureaux vides, au détriment de la majorité des habitant·es.
Plutôt des bureaux vides que du logement abordable : chronique d’une crise annoncée
Souvent rattachés à l’avènement du télétravail post-covid, ces bureaux vides ne sont pas une nouveauté. En 2019, alors que déjà trois millions de mètres carrés de bureaux étaient vides en Île-de-France et que la demande de bureaux était en baisse, on construisait le chiffre record de 2,5 millions de mètres carrés supplémentaires. En 2023, après la pandémie, sur les deux millions de mètres carrés de bureaux neufs mis en chantier, seulement 25 % d’entre eux avaient trouvé des entreprises locataires[1]. Cette surproduction de bureaux, loin d’être le fruit d’un « mauvais calcul » d’investisseurs mal informés, est au cœur du fonctionnement de ce marché.
Depuis les années 1990, les bureaux ne sont plus seulement des lieux de travail mai
