La guerre et les armes nucléaires
La Russie mène une guerre contre l’Ukraine ; Israël poursuit des opérations militaires dans la bande de Gaza ; l’Inde et le Pakistan se sont affrontés par missiles et drones interposés du 22 avril au 10 mai de l’année en cours. Ces quatre États sont tous détenteurs d’arsenaux nucléaires. Ces réalités contemporaines semblent aller à l’encontre d’une idée fréquemment acceptée selon laquelle les armes nucléaires empêcheraient la guerre.

On parle même parfois de « paix nucléaire », oubliant que la durée de l’absence de guerre entre grandes puissances depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale n’est pas exceptionnelle, et qu’en 1969 la Chine et l’Union soviétique, toutes deux dotées d’armes nucléaires, se sont affrontées militairement, sans compter les nombreux affrontements indirects entre les États-Unis et l’Union soviétique au cours de la guerre froide[1]. Ce court essai entend examiner les rapports entre les armes nucléaires et la guerre – entendue comme interaction violente entre au moins deux entités – à la lumière des résultats de la recherche indépendante.
Il n’est pas nécessaire de qualifier de « guerre nucléaire limitée » les 543 explosions/« essais » nucléaires atmosphériques conduites par les États dotés entre 1945 et 1980, qui ont contaminé plusieurs millions de personnes ainsi que la biosphère, pour prendre la mesure de l’inexactitude de l’affirmation selon laquelle les armes nucléaires empêchent la guerre[2]. Cet article se limite à trois objections qui composent ses trois sections. Il y aurait beaucoup plus à dire bien évidemment. Il conviendrait en particulier de se pencher sur les cas où les États dotés d’armes nucléaires sont parvenus à dissuader leurs adversaires de les attaquer pour déterminer si les armes nucléaires étaient nécessaires à cet effet ou si une telle attaque aurait eu lieu en leur absence.
À défaut de cette analyse, qui reste à conduire, on attribue sans preuve tout effet de dissuasion de l’agression contre un État doté à ses