Drapeau palestinien et vexillopédie d’État
Un drapeau peut en cacher un autre qui peut en cacher un autre voire bien d’autres. C’est d’ailleurs le propre des drapeaux : comme sur les pages des dictionnaires, ils existent les uns en regard des autres.

Certains maires l’ont bien compris, ceux qui ont pavoisé le 22 septembre, jour où la France, par la voix d’Emmanuel Macron, a reconnu l’existence de l’État palestinien à la tribune des Nations Unies : à Saint-Ouen, le maire socialiste avait prévenu qu’il afficherait au jour J les drapeaux israélien et palestinien ; à Vandœuvre-lès-Nancy, sous le regard d’une colombe de la paix, le jumelage des deux pavillons a pris effet dans la salle d’un conseil municipal qui affiche près de cent drapeaux ; à Carhaix, le maire régionalo-nationaliste le fit placer au fronton du bâtiment municipal entre ses « homologues » européen et breton.
Entre adhésion à un mouvement vexillaire supposé accompagner la reconnaissance d’un État par l’un des cinq États membres du Conseil de sécurité de l’ONU, politisation d’un emblème dont le ministre de l’Intérieur, garant supposé du droit dans notre régime républicain et président du parti de droite Les Républicains, s’est fait l’un des vecteurs, et « zone grise » du pavoisement officiel, les bisbilles autour de la bannière aux trois bandes horizontales noire, blanche et verte assorties d’un triangle rouge, peuvent prêter à « rire » (jaune) tant les enjeux géopolitiques rendent apparemment dérisoire une énième déclinaison des luttes symboliques dont sont friandes les guerres picrocholines. « Poloche » (politique politicienne), l’affaire des drapeaux palestiniens sur des mairies françaises ? Allons voir de plus près.
État des lieux
Pour qui regarde les drapeaux avec un peu plus d’attention que la plupart de ses contemporains, l’actualité vexillaire du 22 septembre lui aura donné toute latitude de constater que le drapeau fait toujours couler de l’encre. Inscrit dans un habitus national dont Norbert Elias a fait, dans son ouvrage class