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Législatives en Irak, le boycott du Mouvement sadriste

Politiste

Ce 11 novembre ont lieu les troisièmes élections législatives depuis la chute de l’Etat islamique. En Irak, le vote s’est progressivement imposé comme un instrument de régulation des conflits et un moyen de pacification des rapports politiques. Mais cette année, le mouvement sadriste, pourtant bien implanté, a décidé de boycotter les élections.

Depuis l’instauration des élections législatives en 2005, l’Irak a régulièrement respecté son calendrier électoral, même durant les périodes de forte instabilité – notamment lors de la guerre contre l’Organisation de l’État islamique entre 2014 et 2018. Le 11 novembre, les Irakiens se rendent donc une nouvelle fois aux urnes pour élire les 329 membres du Parlement national. La campagne électorale, particulièrement compétitive, s’est déroulée dans un climat relativement calme. 

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Les acteurs politiques perçoivent désormais les élections comme un moment déterminant, leur permettant d’acquérir une représentation parlementaire et, par ce biais, un accès aux ressources étatiques, essentielles à leur survie et à leur influence. Pour les organisations politico-militaires, regroupées sous la bannière des Unités de mobilisation populaire (Hashd al-Cha’bi), ce scrutin représente à la fois un symbole d’intégration au sein de l’État et un moyen de consolider leur légitimité sur la scène internationale. Du côté kurde, la stratégie consiste désormais à défendre l’autonomie régionale par une implication accrue dans les institutions fédérales, devenues des centres incontournables du pouvoir politique irakien. Quant aux sunnites, l’enjeu est tout aussi crucial : une représentation insuffisante au sein des coalitions et institutions nationales risquerait d’affaiblir leur capacité à préserver leurs prérogatives locales et l’autonomie de leurs villes.

En revanche, ces élections sont marquées par une vaste campagne de boycott menée par le Mouvement sadriste. Cette campagne, orchestrée depuis plus d’un mois, s’est largement appuyée sur les réseaux numériques, où le mouvement appelle à ne pas participer au scrutin afin de ne pas conférer de légitimité à des acteurs jugés « corrompus » ou « inféodés à des puissances étrangères », une allusion explicite aux formations politico-militaires pro-iraniennes. Parallèlement, des milliers de militants sadristes se sont mobilisés sur le terr


Hardy Mède

Politiste, Enseignant à Sciences Po Paris et à l’École polytechnique