Dépasser la guerre contre les microbes
Depuis une dizaine d’années se tient en novembre la semaine mondiale de sensibilisation à l’antibiorésistance – autrement dit, la capacité d’une bactérie à résister aux effets des antibiotiques –, instaurée par l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

En France, les seuls messages de sensibilisation auxquels les patients sont confrontés n’expliquent cependant jamais les raisons de la montée de l’antibiorésistance, de la massification des usages d’antibiotiques en santé et en agriculture, et ne font jamais référence aux efforts qui sont menés pour tenter d’enrayer le problème. Les campagnes insistent en revanche sur la responsabilité, voire la culpabilité, des patients : ils utiliseraient les antibiotiques à mauvais escient et seraient donc responsables de cette « pandémie silencieuse ».
On se souvient tous de la campagne « les antibiotiques, c’est pas automatique » organisée par la Caisse nationale d’assurance maladie en 2002. On y comprenait, en creux, le fait que les antibiotiques sont inefficaces contre les infections virales. Malgré l’efficacité incertaine de ce type de message, les campagnes d’aujourd’hui ne sont pas très différentes. Elles prennent désormais la forme d’affiches qu’on peut croiser à la pharmacie ou dans les salles d’attente des cabinets médicaux. On y voit alternativement les photos d’une femme qui tousse, d’un homme qui éternue, d’un bébé et d’une enfant qui pleurent, accompagnées du message « Elle.il peut vous le confirmer, les antibiotiques ça ne marche pas contre sa bronchite / sa grippe / sa bronchiolite / son angine ».
Ce que ces campagnes ont en commun, c’est qu’elles présentent l’antibiorésistance comme un problème individuel. Les médecins prescriraient trop, parfois sous la pression de leurs patients (ignorants), lesquels ne seraient pas satisfaits de quitter la consultation médicale sans une telle ordonnance. À de nombreux égards, ces campagnes illustrent le succès des approches comportementalistes promues par certains éco
