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Législatives en Argentine : une victoire des tronçonneuses ?

Sociologue

Présentées comme une irrésistible « vague violette », les dernières législatives argentines (partielles) appellent la nuance. Le parti de Milei arrive en tête mais avant de parler de raz-de-marée, il faut noter qu’il ne détient pas la majorité absolue, que sa victoire dépend du soutien étasunien, d’un système électoral particulier et d’une opposition fragmentée. À l’aube d’une crise de la dette.

Présentées comme une « vague violette », signe d’une large victoire libertarienne, les législatives argentines ont fait couler beaucoup d’encre depuis le jour du scrutin, le dimanche 26 octobre dernier.

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Dans une Argentine en crise – chose que réfutent les soutiens de Milei – l’enjeu semblait crucial. Les électeurs donneraient-ils leur feu vert à l’approfondissement du modèle austéritaire, ou bien mettraient-ils un coup d’arrêt à la saignée des services publics, des salaires et de l’emploi ?

Avec 40 % des suffrages, La Liberté Avance (La Liberdad Avanza, LLA) arrive en tête et obtient une avance confortable sur son concurrent direct, la Force de la patrie (Fuerza Patria), issu du péronisme, qui ne remporte que 33 % des voix. La troisième force politique, Provinces Unies (Provincias Unidas), présentée comme une alternative modérée et fédéraliste à Javier Milei, ne recueille que 8 % des suffrages.

Ces données électorales nourrissent des analyses parfois contradictoires, souvent partielles et partiales, poussées par des intellectuels qui peuvent avoir partie liée avec leur version des faits. Il s’agira ici de proposer une vision nuancée de la séquence politique que traverse l’Argentine, qui n’est pas sans lien avec sa situation économique ou encore avec sa relation avec les États-Unis d’Amérique.

Les législatives argentines, un fonctionnement particulier

Avant de déterminer si les résultats du 26 octobre représentent un véritable raz-de-marée libertarien, il est nécessaire de mettre en lumière le fonctionnement du scrutin législatif, et les effets qu’il produit sur les deux chambres : l’équivalent de l’Assemblée nationale, dont l’appellation castillane se traduit simplement par « Chambre des députés » d’une part, et le Sénat d’autre part.

Le Sénat argentin est composé de 72 membres, trois pour chaque province et trois pour la Ville de Buenos Aires : deux sièges reviennent au parti arrivé en tête et le troisième à la seconde force politique. Cette chambre se re


Sylvain Pablo Rotelli

Sociologue, Maître de conférences en Sociologie à l’Université Toulouse Capitole