L’avantage climatique des grands ensembles
Le changement climatique modifie en profondeur notre appréhension des territoires habités. C’est le cas des grands ensembles qui, généralement perçus comme des quartiers en difficulté, peuvent tout aussi bien devenir des quartiers adaptés au rafraîchissement de l’air et à une solidarité plus grande entre habitants, notamment lors des canicules. Autant de potentiels qui pourraient bien, à l’avenir, faire du grand ensemble un modèle.

Par leur emprise sur le paysage, les grands ensembles d’habitation, réalisés en France entre 1955 et 1975[1], se voulaient l’antithèse du chaos des initiatives privées (la « lèpre pavillonnaire »). Leur objectif était de répondre à l’importante crise du logement qui sévissait à l’époque tout en structurant le territoire à la manière des fortifications de Vauban. Leur conception renvoyait ainsi à la puissance d’une France colbertienne qui, après plusieurs années de guerre et de pénurie, cherchait à affirmer sa présence sur le sol national.
La disposition homogène et sans hiérarchie des bâtiments, la répétition à grande échelle d’un nombre réduit de types de logements et l’étirement horizontal et vertical des barres et des tours, sans distinction entre les façades nobles et les façades de service, visaient à installer une véritable égalité sociale. Comme le revendiquaient les Congrès internationaux d’architecture moderne (CIAM)[2] qui ont pour partie inspiré cette politique, il s’agissait de répondre aux besoins « du plus grand nombre ».
Le temps a passé depuis ces glorieuses années. Les bâtiments se sont usés. Les populations se sont renouvelées. Immergés dans une urbanité spatiale et culturelle de plus en plus homogène, les grands ensembles se sont fondus dans le paysage des villes et des métropoles. Les grandes dimensions architecturales et paysagères de ces quartiers d’habitation, encore inédites à l’époque de leur construction, ne se discernent plus dans l’hétérogénéité des masses de la banlieue ; d’autant que les campagnes d
