Le vit Des Anges – un roman d’initiation de Pierre Edeikins
Jouir sans entraves, faire exulter le corps Des Anges, en mesurer les limites et le prix à payer : l’exercice d’écriture auquel se livre Pierre Edeikins utilise la transgression pour parvenir à une transsubstantiation duchampienne non dénuée d’autodérision. Les rites de passage successifs valent autant pour l’auteur que pour la lectrice, le lecteur, via les apprentissages du héros presque anonyme (allusion est cependant faite au prénom Pierre) de cette parabole à la Matthew Barney (The Cremaster Cycle). Certes, le vécu transparaît dans un récit onirique peuplé de figures improbables, interactives. Et l’initiation au pouvoir de la littérature permet au novice d’appréhender les mystères des corps contemporains, leurs métamorphoses.
Né en 1951, Pierre Edeikins, photographe, architecte, et grand lecteur, met en exergue dans son premier roman la pratique d’une servitude volontaire et lucide vis-à-vis de l’expérience sexuelle tous azimuts. Et, lorsque la fatalité frappe le personnage central du livre, l’énergie vainc le désespoir, comme la rage de vivre sous-tend la volupté et ses souillures. Scrutateur méticuleux, l’auteur décrit sans détour la diversité humaine à travers d’extravagants personnages-flash aux postures déroutantes (le petit masturbateur dans sa chambre-laboratoire, la gourmande qui étonne son gynécologue, la géante aux formes généreuses, le sexe-sashimi d’une délicieuse amie, les dealers en folie, le robot chirurgien, le psychiatre exaspéré, etc.). Amoureux de la métaphore, il se saisit des vertus de l’imaginaire pour traverser quelques strates de la réalité contemporaine.
Dans un premier « Rapport », le futur ange, par l’intermédiaire d’un greffier consciencieux, revoit en accéléré les moments les plus croustillants de son existence terrestre, quels que soient sexe, contexte, âge, pays, territoire, bousculant ainsi la typologie du roman de formation. En toute connaissance de cause, l’Ange du Destin et son administration engagent l’impétrant, d