Écrire dans une époque de collisions
Je ne suis pas sûr que l’obligation de ces dernières semaines à « rester chez soi » et à « prendre soin de soi » ait favorisé la création littéraire. Certainement que ce long temps disponible a été propice à faire du yoga, de la barre au sol, du macramé, la cuisine, comme le dit mon ami José Eugenio Sanchez dans un beau poème, et c’est bien ainsi. Quant à l’écriture, au fait d’écrire, je ne sais pas. En effet, l’écrivain a besoin pour ça d’une solitude choisie et d’un égoïsme provisoire afin non pas de mettre à jour une langue particulière (la sienne) d’où surgirait des récits, mais de « booster » la langue collective dans laquelle nous baignons quotidiennement et qui fait de nous des animaux sociaux.