Danse

L’horizon pour seul visage – sur Miramar de Christian Rizzo

Critique

La Saison Montpellier Danse offre l’occasion de voir une pièce importante dans l’œuvre du chorégraphe Christian Rizzo : Miramar, création pour 11 danseurs qui forme un triptyque avec Une maison et En son Lieu. Elle vient clore cette trilogie faisant récit autour de l’invisible comme espace de potentialité.

Matière sonore, obscurité zébrée de néons robotisés, écriture chorégraphique ciselée, Miramar est à la danse contemporaine ce que le Bauhaus fut à l’architecture moderne : un art total dont la plasticité vient nourrir et redéfinir ce qu’est la danse aujourd’hui. La pièce se fabrique par la matière du mouvement des corps qui habitent le plateau mais aussi par le son, la lumière, la robotique et le numérique.

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Un mode de langage cher à Christian Rizzo, artiste composite mais toujours cohérent, qui fut plasticien, styliste et musicien avant d’être chorégraphe et directeur de l’Institution chorégraphique internationale de Montpellier. Institution éminemment importante dans le paysage chorégraphique contemporain, dont l’acronyme « ICI » donne le ton aux créations que l’on découvre à chaque saison ; tant le chorégraphe reste fidèle à sa volonté d’extraire la danse de son histoire, pour venir l’inscrire dans sa géographie.

L’œuvre de Christian Rizzo est à l’image des peuples nomades dont la vie fut pétrie par le mouvement : ce sont les pratiques qui fabriquent le territoire. Ça se passe au plateau, ici et maintenant. Difficile de définir précisément s’il s’agit de pratiques d’art ou d’artisanat quand on sait que le chorégraphe vient des arts visuels. Son travail fait de l’appropriation, de la transmission et de la mémoire du geste, son fil conducteur. Ou comment la répétition du geste ouvre potentiellement des visions.

Le premier geste qu’engage le chorégraphe envers le public dans Miramar, c’est une main tendue, comme une invitation à entrer dans la danse. Un geste engagé qu’on aurait presque oublié après ces trois dernières années passées à limiter toute interaction avec autrui. C’est un cadeau pour les temps contemporains, une invitation à venir voir. Le titre même de la pièce Miramar : Regarder la mer convie le spectateur à ouvrir grand les yeux et à venir élargir son regard. Il contient en lui l’instant d’un désir qui nous rend toujours plus grand : celui de


[1] Alain Berthoz, Gérard Jorland, L’Empathie, Odile Jacob, 2004, p. 273.

Léa Bévalot

Critique

Notes

[1] Alain Berthoz, Gérard Jorland, L’Empathie, Odile Jacob, 2004, p. 273.