Cinéma

Patchwork testament – sur le 77e Festival de Cannes à mi-parcours

Critique

Des films de Jean-Luc Godard ou Jia Zhang-ke, en passant par ceux de Francis Ford Coppola, Josh Mond ou Thierry de Peretti, la première moitié de la nouvelle édition du Festival de Cannes a mis en valeur des œuvres patchwork, des travaux d’inventaire, fragments éclatés d’histoire et de monde qui viennent désigner une réalité brisée.

«La vie est faite de bouts qui ne se joignent pas » avait coutume de répéter François Truffaut à son monteur Yann Dedet pour l’encourager à s’autoriser des hiatus dans ses films. Ce mantra pourrait s’appliquer à bien des films de cette première moitié de la 77ème édition du Festival de Cannes, sections officielles et parallèles confondues.

publicité

Le patchwork de formes, de genres, de temporalités s’affirme cette année comme le type de récit propice à des travaux d’inventaire, fragments éclatés d’histoire et de monde qui viennent désigner une réalité brisée. Mélange des formats, incursion d’images fixes, rushes tournés à des époques éloignées, mélange baroque de genres antagonistes : nombreux sont les récits hétérogènes qui nous parlent d’une réalité mouvante et complexe, et qui en font le récit testamentaire.

Autoportrait en vieil homme

Depuis 2018, Fabrice Aragno ramène sur la Croisette, depuis Rolle, les travaux de vieillesse de Jean-Luc Godard. Ce fut Le Livre d’image il y a six ans, puis Drôles de guerres l’an dernier et enfin, Exposé du Film annonce du film Scénario cette année. Dans un long plan séquence, le cinéaste y déplie pour ses collaborateurs Fabrice Aragno et Jean-Paul Battaglia, le petit carnet rempli d’images qui servira de document préparatoire à son ultime opus, Scénarios. Le making-of, projeté après le film lui-même, se présente comme l’atlas Mnémosyne du critique d’art Aby Warburg : un catalogue de formes qui se font écho à travers les pays et les âges. Film de collage, Scénarios croise et entrelace trois fils narratifs : les réflexions anciennes de Godard sur l’histoire politique de l’Europe (soit l’histoire de ses conflits, pour le dire vite, de Sarajevo 1914 à Sarajevo 1991 et de la Shoah aux territoires occupés de Palestine), le jeu qui sépare le réel et sa représentation tout en les tenant presque contigus et un autoportrait au grabat. « Le réel a disparu », ainsi que s’intitule la dernière partie de ce court métrage de 24 minutes, compil


Rayonnages

Cinéma Culture