Oil Porn ? – sur Landman de Taylor Sheridan
Landman (2024) suit le travail de Tommy Norris, un homme fatigué chargé de gérer les différentes crises d’une exploitation pétrolière dans le bassin permien, à l’ouest du Texas. Les épisodes rendent visible une matérialité des infrastructures pétrolières, notamment les ossatures nécessaires à l’extraction du pétrole, parfois montrées dans la complaisante beauté d’un soleil couchant. Vannes et régulateurs, robinets et structures en métal, tuyaux et tubes : comme le relevait déjà le journaliste Rémi Noyon, ça grince, coulisse, fuit, se décroche, explose parfois. Cette matérialité a des conséquences sur les ouvriers qui s’occupent de la maintenance des puits. Le labeur use et noircit les corps, et pire encore lorsque des accidents surviennent, parfois fatals.

Pourtant, malgré cette matérialité, les choix narratifs et esthétiques de cette série invitent à se demander s’il ne s’agirait pas d’une sorte de « porno pétrolier » (oil porn, pour le dire dans la langue de la série, mais à prononcer « uhl », à la texane, comme le souligne Alison Herman !).
En employant cette expression, je fais référence à une autre, celle de « porno climatique ». Dans un rapport d’un think tank britannique publié en août 2006, Gill Ereaut et Nat Segnit ramassaient en une formule le traitement médiatique et politique des conséquences du changement climatique : « La difficulté réside dans le fait que l’ampleur du problème tel qu’il est présenté exclut la possibilité d’une action ou d’une intervention réelle de la part du lecteur ou du spectateur. Elle contient un conseil implicite de désespoir – “le problème est tout simplement trop grand pour que nous puissions l’affronter”. Son sensationnalisme et son lien avec l’irréalité des films hollywoodiens éloignent également les gens du problème. Sous cette forme impressionnante, l’alarmisme pourrait même devenir secrètement excitant – une forme de “pornographie climatique” (p. 7). »
Pourtant, ce qui marque en premier lieu dans cette série, ce