Cinéma

Le premier geste – sur la 47e édition de « Cinéma du réel »

Critique

Il est difficile d’encapsuler en quelques mots ce qui fait la puissance d’un « geste » documentaire ; c’est pourtant bien la recherche de cet acte fondateur qui guidait la 47e édition du festival Cinéma du Réel, qui se tenait à Paris du 22 au 29 mars. Entre films « de proches », films à dispositif ou longs-métrages bousculés par l’actualité internationale, la création documentaire – ainsi mise à l’honneur dans toute sa diversité – aura su dévoiler la force de surgissement du réel.

Le déplacement du Cinéma du Réel dans les salles du Quartier latin, en raison de la fermeture du Centre Pompidou pour cinq ans, a forcé la manifestation à se tenir dans un cadre plus restreint qu’à l’accoutumée, le festival ayant préféré une formule plus modeste : moins de films, moins de séances, pas de vaste rétrospective. Mais le changement de lieu et la légère réduction n’a pas empêché le Cinéma du Réel d’être ce qu’il est toujours : un œil porté sur le réel du monde entier, où chaque film est comme une fractale dans le grand reflet « documentaire » du contemporain.

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On pourrait même dire que la décentralisation du festival (modeste, certes – presque tous les événements se déroulaient dans un cercle de quelques centaines de mètres de diamètre, et le festival ne saurait tout à fait se défaire des accusations « radical-chic » dont il fait inévitablement l’objet) poussait plus encore que d’habitude les rencontres et discussions informelles qui font aussi son sel, sans parler de sa tendance de plus en plus forte à aller rebondir, « se cogner » (on pourrait dire, en lacaniens, que pour le Réel, c’est la moindre des choses) contre les enjeux politiques du moment et d’autres événements, parisiens comme internationaux.

Le mardi 25 notamment, suite à l’agression et l’enlèvement du cinéaste palestinien Hamdan Ballal (membre du collectif ayant réalisé le documentaire No Other Land, présenté au Cinéma du Réel l’an dernier) par un commando de colons israéliens, le festival a partagé un communiqué annonçant son soutien au réalisateur, et invitant à rejoindre un rassemblement organisé devant le Luminor, où le film était, hasard de programmation, projeté le soir même.

Cette manière de rebondir est aussi la fonction de plusieurs rendez-vous du festival, notamment le Forum Public, dont le mot d’ordre, cette année, était « Organiser la contre-offensive », et où l’on a pu entendre, tout au long de la journée, des acteurs du monde du cinéma documentaire, mais aussi, entre a


[1] Une rétrospective de l’œuvre « fictionnelle » de Salhab avait déjà eu lieu en décembre à Paris.

[2] « Trompe l’œil », 2 septembre 2024. Le cinéaste a proposé une lecture de ce texte lors d’un des « ateliers ».

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Cinéma Culture

Notes

[1] Une rétrospective de l’œuvre « fictionnelle » de Salhab avait déjà eu lieu en décembre à Paris.

[2] « Trompe l’œil », 2 septembre 2024. Le cinéaste a proposé une lecture de ce texte lors d’un des « ateliers ».