Cinéma

Tout le monde n’a pas encore parlé – au début du 78e Festival de Cannes

Critique

De La petite dernière d’Hafsia Herzi à The Phoenician Scheme de Wes Anderson en passant par L’Engloutie de Louise Hémon et Put Your Soul On Your Hand And Walk de Sepideh Farsi, les premiers jours de la 78e édition cannoise ont fait entendre de ces voix que le cinéma écoute trop peu, voix féminines, lesbiennes ou gazaouies.

À des étudiants de la Fémis qui lui demandaient lors d’une master class si toutes les histoires n’avaient pas déjà été racontées, Rebecca Zlotowski (dont le sixième long métrage Vie privée avec Jodie Foster sera présenté Hors compétition en deuxième semaine du festival) avait fait cette belle réponse : « Non, parce que tout le monde n’a pas encore parlé ». Les premiers jours de cette édition cannoise ont justement fait entendre de ces voix que le cinéma écoute trop peu, voix féminines, lesbiennes, gazaouies dans La petite dernière, le troisième long métrage de Hafsia Herzi  et The Phoenician Scheme de Wes Anderson présentés en Compétition officielle, L’Engloutie de Louise Hémon sélectionné à la Quinzaine des cinéastes, et Put Your Soul On Your Hand And Walk de Sepideh Farsi montré à l’ACID dans deux salles différentes, aussi pleines que bouleversées par la rencontre du cinéma et de la sinistre actualité du génocide à Gaza puisque l’annonce de la sélection du film à Cannes a été suivie 24h plus tard de l’assassinat de sa protagoniste et de toute sa famille par l’armée israélienne.

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Trouver son souffle

En adaptant le roman subjectif et poétique de Fatima Daas, Hafsia Herzi  remis le récit d’apprentissage amoureux de La petite dernière dans l’ordre chronologique et en fait une trajectoire rectiligne d’émancipation. En une année, de la préparation du bac à la fac, Fatima va de la banlieue à Paris, d’un milieu familial modeste à des soirées étudiantes dans une bourgeoisie parisienne, d’une pratique pieuse de la foi à la découverte d’une sexualité lesbienne. À défaut d’être une voix comme dans le roman autobiographique, la Fatima réinventée par la cinéaste et incarnée par la débutante Nadia Melliti pleine de grâce, est une respiration. D’abord discrète lorsqu’elle prie dans la pénombre de sa chambre, puis plus saccadée dans ses premières étreintes. Elle est aussi un souffle empêché par la maladie, qu’elle va soigner à « l’école de l’asthme » où un authentique et


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