Nul n’est prophète en son pays ! – sur Mission : Impossible – The Final Reckoning de Christopher McQuarrie
Contrairement à d’autres stars hollywoodiennes (Elizabeth Moss, John Travolta), pourtant moins impliquées dans la direction de l’église étatsunienne de scientologie, Tom Cruise a toujours su séparer son œuvre cinématographique de la liturgie new age de l’une des religions les plus controversées outre-Atlantique, du moins de rester discret à cet égard. Par-là, il s’est épargné le discrédit qui a ruiné – au moins pendant un temps – la carrière des autres acteurs-adeptes.

C’est vrai que la campagne de promotion catastrophique de La Guerre des Mondes où Cruise s’était attiré les foudres du réalisateur Steven Spielberg en proclamant le film « scientologue » avait laissé des traces. Le producteur s’est depuis bâti, au fil des dernières années, une persona de surhomme relatable (qui attire la confiance), se portant garant d’un divertissement old school face aux mastodontes atrophiés qui font aujourd’hui le cinéma américain. C’est ainsi que chaque séance qui ouvre le premier week-end de distribution du huitième opus de la saga Mission : Impossible est introduite par une brève vidéo où le soixantenaire défend la salle de cinéma comme l’espace privilégié de sa production.
C’est en effet là la première lecture – et la plus évidente – de Mission : Impossible – The Final Reckoning : l’hydre numérique que constitue l’Entité – une intelligence artificielle surpuissante qui veut détruire l’humanité après l’avoir plongée dans une ère du mensonge – ressemble en effet à l’adversaire esthétique auquel s’oppose Tom Cruise. L’industrie de blockbuster, aujourd’hui guidée par les effets spéciaux numériques, s’approche d’un univers totalitaire et auto-destructeur. Contre cela, la recette cruisienne est désormais rodée : scènes d’action spectaculaire, sans effets spéciaux, où l’acteur s’adonne à des cascades qui donnent des sueurs froides aux assureurs et rendent les mains des spectateurs moites de vertige le tout recouvert par une patine qui, des costumes aux accessoires, oppose u