Langage du corps – sur l’exposition Alina Szapocznikow
Pendant longtemps, il a été tentant de présenter Alina Szapocznikow comme une brillante artiste habitée par la pratique de la sculpture qu’elle ne cessera de faire évoluer, marquée néanmoins par un sombre destin : l’expérience des camps nazis (née d’une famille juive, emprisonnée à 16 ans avec sa mère médecin), doublée de la maladie (une turberculose décelée jeune), que viendra parachever une mort prématurée à 47 ans, sans avoir connu le succès auquel la prédestinait son parcours artistique.

Sans doute, cette grille de lecture lui a-t-elle nui, inscrite dans un pathos auquel l’artiste s’est toujours refusée. Cette image d’une incomparable vitalité puisée dans l’art et dans la vie qui lui était si singulière, le musée de Grenoble, par son parti-pris scénographique et muséographique s’est attaché à la restituer avec brio.
Ainsi, défiant une certaine chronologie, c’est avec une œuvre de 1964 que s’ouvre l’exposition : une sculpture intitulée La machine de chair, emblématique des enjeux de l’artiste abordant de front la question du corps et de la machine dans une démonstration de matériaux composites exhibant pièces mécaniques et moulages de ciment et de polyester. Cette pièce monumentale posée d’entrée de jeu comme un manifeste, l’exposition s’attache à nous faire traverser les deux grandes périodes de l’artiste : les années pragoises et polonaises dans un premier temps, suivies de celles parisiennes dominées par une effervescence d’expérimentations plastiques faisant d’elle une pionnière.
La voie de la sculpture
L’acte qui signera sa double libération des camps de concentration (libérée du ghetto tchèque de Terezin en 1945, après Auschwitz et Bergen-Belsen) se fera sous l’égide de l’art, avec son inscription sous un nom d’emprunt à l’École d’art et d’industrie de Prague, à 19 ans, où elle décide de rester vivre. Si sa formation pour ce « métier de la sculpture », tant revendiqué, doit beaucoup à l’enseignement de sculpteurs tchèques de renom (tel que Joseph
