François Sureau : « Il me semble que les éléments d’une crise assez grave se trouvent réunis »
Son bureau, situé près du métro Rue du Bac dans le 7e arrondissement de Paris, s’apparente davantage à la caverne d’Ali Baba qu’à un cabinet d’avocat. Tout en bois sombre et cuir, bibliothèques remplies de livres et d’objets d’art rapportés de voyages, les murs tapissés de tableaux, de photos, une maquette de bateau, une marionnette juchée sur une étagère… C’est un homme érudit, à l’élégance toute british, fervent catholique, fumeur de pipe et défenseur des demandeurs d’asile qui nous reçoit. Formé chez les jésuites puis à l’ENA, maître des requêtes au Conseil d’État, passé par la Légion étrangère où il a fini au grade de colonel, aujourd’hui écrivain et avocat au Conseil d’État et à la Cour de cassation, gardien des libertés publiques, François Sureau apparaît comme un homme singulier, volontiers inclassable. La binarité n’est pas son fort. On le dit volontiers de droite (son amitié avec François Fillon ou Jean d’Ormesson y a contribué), lui se reconnaîtrait plus à la gauche du spectre politique, même s’il confesse osciller entre les deux selon les jours et selon les sujets. Ce qui est certain, c’est que sur l’immigration et le droit d’asile, il ne se situe pas sur la ligne gouvernementale, lui qui rédigea, en 2016, les statuts de La République En Marche, le parti d’Emmanuel Macron. Déjà très opposé à l’état d’urgence et à l’approche sécuritaire de la lutte contre le terrorisme (Pour la liberté, paru aux éditions Tallandier, reprend ses trois plaidoiries devant le Conseil constitutionnel en sa qualité d’avocat représentant la Ligue des droits de l’homme), il multiplie désormais les apparitions publiques pour critiquer ouvertement le projet de loi « Asile et immigration » en cours d’élaboration et les conditions d’accueil faites aux migrants en France. Pas surprenant : la situation des demandeurs d’asile est l’un de ses chevaux de bataille. Dans son saisissant livre Le Chemin des morts, qui vient de paraître en poche, il raconte comment, jeune conseill