Sam Stourdzé : « Avant d’être des lieux, les institutions culturelles sont des esprits »

La 51e édition des Rencontres d’Arles, qui devait commencer dans quelques jours, n’aura pas lieu. Dur coup pour le festival de photographie, devenu un rendez-vous majeur de l’été avec ses 1,4 millions de visiteurs en 2019. À sa tête depuis 2014, Sam Stourdzé, dont ce devait être la dernière édition puisqu’il vient d’être nommé à la tête de l’Académie de France à Rome, la prestigieuse Villa Médicis. Spécialiste de l’image, Sam Stourdzé a longtemps été commissaire d’exposition (« Charlie Chaplin » en 2005 au Jeu de Paume, « Fellini, la Grande Parade » à la Cinémathèque française, « Paparazzi » au Centre Pompidou Metz, c’était lui), avant de se voir confier en 2010 les rênes du Musée de l’Élysée, à Lausanne. Il s’apprête donc à changer de métier pour la quatrième fois, ce qui le réjouit. Il prendra son poste à Rome le 1er septembre.
Les Rencontres d’Arles auraient dû commencer dans quelques jours, cette 51e édition aurait dû être votre dernière, puisque vous vous apprêtez à partir à Rome à la Villa Médicis. Quel sentiment éprouvez-vous ?
Un sentiment de grande tristesse. Annuler un festival, c’est un moment difficile, pour l’équipe, pour les artistes, pour la ville et pour moi aussi. Monter un festival chaque année est un énorme travail, un investissement colossal, et on y a cru jusqu’au bout. Le 12 mars, nous donnions la conférence de presse à Arles annonçant le programme d’une édition sur laquelle nous travaillions depuis plus d’un an. Celle qui devait suivre le lendemain à Paris, au ministère de la Culture, a été un des premiers évènements annulés. La suite, vous la connaissez. Mais surtout, nous ne nous sommes pas résignés tout de suite à l’annulation, et les premières semaines, nous avons tenté coûte que coûte de sauver l’édition en repensant les choses, en réinventant le festival, en demandant à notre directeur technique de recalculer les coûts d’une version en modèle réduit, en échafaudant de nouveaux scénarios, jusqu’à ce que nous soyons contraints de nous rés