Thom van Dooren : « La narration est un acte de résistance à l’extinction »
La COP26 fait la Une, mais avez-vous entendu parler de la COP15 de la Convention sur la diversité biologique qui se tiendra à Kunmai au printemps 2022 ou des COP qui l’ont précédée ? Nous avons toutes et tous à l’esprit l’objectif climatique de limiter le réchauffement à 1,5° C, mais qui connaît les principes d’Aichi adoptés en 2010 pour ralentir l’effondrement de la biodiversité, et dont, 10 ans plus tard, aucun n’a été atteint ? Force est de constater que la sixième extinction de masse ne semble susciter ni le même intérêt, ni la même urgence, que la crise climatique. Pourtant, on estime que le rythme actuel des extinctions est 100 à 1 000 fois supérieur à ce qu’il serait sans l’intervention humaine.

Dans En plein vol, Vivre et mourir au seuil de l’extinction, les petits des albatros meurent de faim le ventre rempli de plastiques, les vautours indiens sont empoisonnés par un médicament vétérinaire, l’urbanisation prive les manchots pygmées du lieu de nidification qu’ils ont occupés génération après génération, longtemps communes les corneilles d’Hawaï sont réduites à quelques individus par les prédateurs arrivés avec les colons et par la déforestation, et les dernières grues blanches subsistent en captivité. C’est le récit de ces cinq extinctions en cours que nous propose Thom van Dooren, philosophe de terrain et conteur basé en Australie, dans son premier livre traduit en français chez Wildproject. Fondateur des études en sciences sociales sur l’extinction, les extinction studies, aux côtés de l’anthropologue Deborah Bird Rose notamment, il tente, par son travail de terrain et ses récits, de rendre la crise de l’extinction tangible pour qu’elle devienne politique. Dans ses textes, il enrichit le concept d’extinction pour en prolonger les ramifications au-delà des générations, de la biologie et des frontières entre espèces. En cinq récits de terrain, Thom van Dooren montre les enchevêtrements écologiques et culturels dont ces espèces font partie. Il hono