Cinéma

Swann Arlaud : « Ce qui me touche chez les acteurs, c’est lorsque quelque chose échappe »

Critique

Swann Arlaud occupe une place discrètement centrale dans le cinéma français. Il joue le jeu, comme on dit, sans pour autant délaisser l’expression d’une interrogation, d’un doute, du chemin que prend la réflexion du personnage qu’il interprète. Dans Tant que le soleil frappe, en salle le 8 février, il incarne un paysagiste qui mène avec les habitants un projet de réhabilitation d’une place dans un quartier populaire délaissé de Marseille. L’occasion d’éclairer sa pratique d’acteur.

«Le théâtre, c’est de la merde, faut juste être là », peut-on entendre dans un film à la justesse et la fantaisie vivifiantes, Lucie perd son cheval, et dans lequel le réalisateur Claude Schmitz interroge le jeu d’acteur (sortie le 8 février). Le même jour sort en salle le très stimulant film de Philippe Petit, Tant que le soleil frappe, avec Swann Arlaud, qui évoque avec nous son travail d’acteur, le rapport au jeu, à la direction d’acteur, et la nécessité d’être là justement. Présent au jeu.

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Swann Arlaud occupe, au moins depuis 2017 et la sortie du film Petit paysan, pour lequel il sera recomposé d’un César du meilleur acteur, une place discrètement centrale dans le cinéma français. Discret par ses choix de films accumulés avec parcimonie et centrale parce qu’il imprime les films de sa présence. On parle d’intensité à son propos. Assurément, son expressivité nous permet d’accéder à une certaine intériorité de ses personnages. Il joue le jeu, comme on dit, sans pour autant délaisser l’expression d’une interrogation, d’un doute, du chemin que prend la réflexion du personnage qu’il interprète.

Dans le film de Philippe Petit, il incarne un paysagiste qui mène un projet de réhabilitation d’une place dans un quartier populaire délaissé de Marseille, avec les habitants. Le film aborde avec finesse le combat ordinaire d’une personne qui porte un projet lessivé par les logiques libérales. Rêver, sans renoncer à la rentabilité. Le film ne discourt pas, on suit le trajet du personnage. On part de l’intime. Il faut voir l’expression de Swann Arlaud lorsqu’il rencontre un architecte à qui il propose le projet. Celui-ci lui répond qu’il apprécie beaucoup son travail, qu’il aimerait d’ailleurs lui proposer de dessiner l’extérieur d’un nouveau projet : un bar lounge. Le chemin entre les mots et les projets est très long, et très sinueux. Et la présence de Swann Arlaud mesure la distance. QM

Aviez-vous des modèles – acteurs, cinéastes, à vos débuts ?
J’avais une passion


Quentin Mével

Critique, Délégué général de l’Acrif

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