Rabah Ameur-Zaïmeche : « Alors se pose la question , quel Arabe préfère-t-on être ? »
Avec Le Gang des Bois du Temple, en salles depuis le 6 septembre, Rabah Ameur-Zaïmeche remixe le film de banlieue avec le polar de braquage et transfigure le quartier qu’il explorait enfant en un jeu de lumières et de couleurs quasi abstrait. Porté par la famille d’acteurs de ses films précédents Histoire de Judas (2015) et Terminal Sud (2019), ce septième long-métrage met en scène une troupe de Robins des bois de cité et le prince saoudien qui volent pour assurer à leurs proches un avenir plus doux. Cette confrontation à l’issue fatale révèle l’impossibilité de s’en remettre au hasard dans une économie mondialisée et implacable. Rabah Ameur-Zaïmeche revient sur ce monde en ruines dans lequel la cohabitation se révèle impossible entre ceux pour qui tout s’achète et ceux pour qui tout se paie. RP

La cité du film porte le nom d’un lieu qui existe, les Bois du Temple, mais a été composée à partir de scènes tournées dans plusieurs villes et qui laissent apparentes ces géographies diverses. Que représente pour vous ce lieu réel ?
Les Bois du Temple se trouvent à Clichy-sous-Bois, en Seine-St-Denis. Nous y allions, minots, depuis la cité des Bosquets à Montfermeil, où j’ai grandi. Il y avait là-bas des toboggans à deux bosses, de vraies montagnes russes ! Et nous devions passer par le bois des Loups… Ça valait la peine de prendre le risque de le traverser. Et puis, il y avait le récit, souvent entendu dans la chapelle Notre-Dame-des-Anges où nous allions nous réfugier les jours de pluie, de trois voyageurs qui, au XIIIe siècle, avaient été dévalisés et ligotés à cet emplacement, puis délivrés par un ange… Trois croix étaient plantées là pour en témoigner. Autant dire que notre imagination galopait !
Le temps a fait son œuvre et Le Gang des Bois du Temple a surgi des souvenirs, à la fois comme un hommage au film noir et aux quartiers populaires. Depuis, beaucoup de cités ont été détruites, comme souvent dans ces quartiers considérés comme dangereux… Alors,